Accident
Tu ouvres les yeux, tu n’entends plus que le crépitement des flammes. Tu as la tête en bas, retenu uniquement par la ceinture de sécurité que, heureux hasard, tu as pour une fois attachée. Tu étais au dernier rang de l’autocar, assis à coté de la fenêtre de gauche. C’est à droite que le véhicule a brusquement versé. Accident ? Attentat ? Tu as eu le temps d’entendre un bruit d’explosion avant de perdre connaissance. Le moteur ? Une bombe ? Tu préfères ne pas penser à tout ça et commencer par sortir d’ici. Un rapide coup d’oeil autour de toi te laisse constater que les quelques survivants ont déjà vidé les lieux. Sur ta droite, une jeune femme, dans la vingtaine, gît sans connaissance. Le sang qui coule le long de ses joues laisse supposer qu’elle n’est déjà plus de ce monde. Au loin, tu entends le son d’une sirène.
Tu prends appui sur le fauteuil devant toi avec tes pieds, afin de donner un peu de mou à la ceinture. Tu pousses de toutes tes forces en te cambrant. Le cliquetis de la boucle est le signal de ta libération. Tu pousses encore plus fort pour ne pas tomber: tu es à près de deux mètres au dessus du sol. Tu te penches vers l’avant et de la main gauche, tu te cramponnes au dossier devant toi. Une fois solidement accroché, tu laisses tes jambes pendre dans le vide, et du pied tu tentes d’atteindre le fauteuil de la rangée opposée. Une fois que tu penses y être, tu te laisses choir et tu te déplaces rapidement vers le marteau brise-glace. Tu mets un coup de poing dans la vitre de protection. Un morceau de verre reste planté dans les chairs de ta main droite, et tu pousses un petit cri. Équipé de ton marteau, tu te redresses et tu gravis les accoudoirs pour remonter vers les fenêtres.
Un premier coup. Un second. Puis trois. Au bout d’une dizaine de coups la vitre montre des signes de faiblesse. Tu utilises le marteau pour créer une ouverture dans le verre feuilleté. Lorsque tu penses pouvoir passer, tu remontes, passe la tête par l’ouverture, et jette un coup d’oeil rapide aux alentours. Pas âme qui vive, en plein centre-ville. Pas d’autre véhicule accidenté. Apparemment, le bus est seul en cause. Tu te dresses sur tes jambes et t’extirpes bon gré mal gré, te blessant au ventre sur la vitre brisée. Tu te dresses en équilibre sur le bus renversé. Un véhicule s’approche. Un tout-terrain, à première vue. La chaleur et la fatigue t’empêchent d’en voir plus. Tu t’approches avec précaution du pneu arrière et tu tentes de descendre sur la terre ferme. Tu prends appui le long de l’essieu et tu te laisses glisser jusqu’au sol.
Le tout-terrain s’arrète à une vingtaine de mètres de toi. Deux soldats en sortent, arme à la main. Ils te crient quelque chose que tu ne comprends pas. Tu essayes de faire comprendre que tu étais dans le bus renversé, et que celui-ci a probablement été la cible d’un attentat. Au vu du trou dans le flanc gauche du véhicule, il s’agit vraisemblablement d’un tir de roquette. Le soldat de droite semble nerveux. Il crie encore quelque chose. L’autre lui parle doucement. Tu n’entends rien. Tu fais un pas dans leur direction. Derrière toi, les flammes viennent d’atteindre le réservoir de l’autobus. L’explosion te projette vers l’avant. Elle fait aussi sursauter le soldat de droite, lequel, le doigt sur la gachette, te loge une balle en plein crâne.
Tu n’as pas encore touché le sol brûlant de cette avenue de Bagdad que du haut de tes 16 ans, tu es déjà mort.
Commentaire de petit tome
5/8/2006 @ 20:01
ça rien voir mais voici mon blog .
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