Pearl Jam / Pearl Jam
J’arrive vers 20h et je rejoins rapidement mes camarades de jeu, nous faisons le tour pour prendre l’entrée latérale du palais omnisport de Paris-Bercy. Nous crevons déjà de soif mais le tarif prohibitif de la moindre boisson (4.50 Euros pour 33 cL de bière, y’en a qui se font vraiment pas chier) nous dissuade rapidement. Sur scène, My morning jacket assure la première partie, ce n’est pas qu’ils soient mauvais mais à vrai dire on voit bien que tout le monde s’en fout. Les applaudissements sont polis mais finalement pas si nombreux, et les gradins sont encore aux deux tiers vides.
La lumière revient pour l’entracte et on sent la tension commencer à monter. Nous nous déplaçons vers l’avant et parvenons à nous faufiler jusqu’à environ trois mètres de la scène, légèrement sur la gauche. Dans la fosse on entend parler anglais, espagnol, néerlandais, le groupe n’est pas revenu jouer en Europe depuis six ans et celà se sent: les fans se sont déplacés pour les voir plusieurs fois.
Quand la lumière s’éteint, Matt Cameron est le premier à faire son apparition et à s’installer derrière sa batterie. Mike Mc Crady arrive rapidement et s’installe juste en face de nous, et c’est tout le reste du groupe qui le suit, pour un démarrage en trombe mêlant un cover de “Interstellar Overdrive” de Pink Floyd avec le classique “Corduroy”. Suivent “Animal”, “Save you”, l’actuel single “World wide suicide”, “Dissident”, “Unemployable”. Dans la fosse, c’est la guerre, ça saute, ça se bouscule, ça se pousse, la chaleur est insoutenable, je suis déjà recouvert d’une sueur que j’estime à 90% ne pas être la mienne, et plusieurs personnes sont évacuées par l’avant de la scène. On sent que Vedder n’est pas très à l’aise sur les premiers morceaux, il lance un “Be safe !” qui confirme que le traumatisme de Roskilde en 2000 (neuf fans morts piétinés ou étouffés durant la prestation de Pearl Jam) est toujours très présent. Il se détend un peu par la suite et après “Marker in the sand” sort un papier de sa poche, il tente de s’exprimer en français et explique qu’il y a 5 ans, à cette même date, de terribles événements ont frappé l’amérique et que ce jour là, les français ont répondu “Nous sommes tous américains”, que par la suite la position française a été la bonne, et qu’il nous en remerciait. C’est avec “Daughter” que le concert reprend et si durant les premières secondes des larmes d’émotion me sont montées aux yeux c’est avec un franc sourire que j’ai accueilli le cover d'”Another Brick in the Wall” au milieu du morceau, ponctué par Vedder d’un « President Bush, leave the world alone ! », le set continue avec “1/2 Full”, “Thumbing my way”, “Even flow”, “You are”, “Love boat captain”, “Lukin”, un époustouflant “Not for you”, un fantastique “Black”, et “Life Wasted”.
Bien évidemment il est hors de question d’en rester là, et le groupe revient pour un rappel fameux débutant par “You’ve got to hide your love away” des Beatles, suivi de “Parachutes”, “Better Man” et de “Rearviewmirror”.
C’est terminé ? Non, ils sont de retour pour un second rappel exceptionnel débutant par “Go”, suivi de “Do the Evolution”, un “Alive” d’anthologie, les lumières du POPB se rallument mais le groupe n’en a cure et enchaîne, “Rocking in a free world” de Neil Young, et enfin un ultime morceau mèlant “Yellow Ledbetter” à “Little Wing” de Hendrix.
Alors que la foule se disperse, j’ai un peu de mal à tenir debout, j’ai mal partout, mes vêtements sont bons à jeter, et surtout je meurs de soif: à part les malheureux du premier rang compressés contre les barrières, personne n’a pu obtenir d’eau de la part du service d’ordre. Nous nous dirigeons vers les toilettes où nous pouvons enfin calmer notre terrible envie de flotte. A la sortie, je tremble, j’ai froid, je tiens à peine sur mes jambes, et je m’empresse de rentrer pour me doucher et filer dormir: je n’en puis plus.
Sur les forums du groupe, il semble que beaucoup de gens se plaignent du comportement du public, je cite: « Rock concert is not = being pushed, pulled, not being able to move, not being able to put your hands above your head to pass on crowdsufers, being swung 10 meters back and forth every few seconds, not being able to watch the stage because there was so much goddamn pushing. » Pour ma part je n’ai pas grand chose à ajouter, m’étant déjà largement exprimé sur le sujet lors de mon compte rendu de Rock en Seine 2005 et avoir déjà subi l’avis des gros bourrins pour qui “si tu veux pas te faire remuer, tu vas pas à un concert de rock”. Je ne reviendrai donc pas là-dessus, mon plus gros problème hier étant la distribution trop limitée d’eau.
En conclusion, que restera-t’il de ce concert ? Avec cette performance de 2h30, les braves de Pearl Jam ne m’ont pas déçu et je ne regrette pas l’attente. Ce moment fut, malgré la chaleur, la soif et les coups, plus qu’extraordinaire et restera à jamais gravé dans ma mémoire. Le groupe était en pleine forme, McCrady en tête qui jouait beaucoup avec le public, Vedder dans un moment d’anthologie a fait se réfléchir le spot au dessus de sa tête avec sa guitare afin d’éclairer le public, et malgré la durée de leur set ils ne paraissaient toujours pas fatigués. Exceptionnel, et inoubliable. Merci les mecs, et ne nous faîtes pas attendre six ans pour revenir, cette fois !
Commentaire de Ol
12/9/2006 @ 23:23
Bref, ils ont compris que ce n’est qu’avec des reprises de Vrais Artistes qu’ils avaient une chance de faire de la musique ?