Rétrospectivement
J’habitais une ancienne écurie réaménagée, je sautais joyeusement du premier étage dans un tas de sable situé sous ma fenêtre et je jouais dans l’herbe avec mes GI Joe devant le centre gériatrique d’où se jetaient les suicidaires. Le mercredi c’était piscine devant la caméra, puis visionnage inversé et éclats de rire, mais à cette époque je n’étais pas très doué pour la sieste. Le blockhaus était notre terrain de jeux, et plus jamais je ne dormirai dans un refuge au milieu des Alpes. Quand nous apprenions les échecs nos parents avaient peur pour notre avenir, mais nous non, de toute façon nous ignorions de quoi demain serait fait.
Je descendais le boulevard et sautais le mur pour entrer plus vite au collège, batterie ou tennis, le choix fut douloureux mais le solfège me poussa assez rapidement vers le sport, de toute façon c’était l’un ou l’autre et des cours de musique nous en avions après être passés par le trou dans le grillage. Au retour, les quelques piécettes glanées ça et là faisaient notre bonheur et celui de l’exploitant de la salle de jeux, bien sûr nous pouvions aussi jouer chez nous et ne nous en privions pas, mais ça n’était quand même pas pareil. Quand je partis nous pensions rester toujours en contact et nous écrire régulièrement, nous y sommes parvenus pendant quelques années tout de même, mais nous ignorions de quoi demain serait fait.
Courir pour prendre le bus, ne pas courir dans les couloirs, regarder son assiette sans y toucher parce que, quand même, ça a l’air bien dégueu la bouffe de la cantine, surveiller les cartables pour pouvoir glander au chaud, lire des dizaines de magazines de jeux vidéo et se dire qu’un jour on sera testeur, parce que c’est quand même un boulot de rêve, dessiner, beaucoup, sur des feuilles volantes, dans les marges des cahiers, sur les tables, sur les enveloppes, et la musique, peut-être, mais c’est quand même plus facile d’en écouter que d’en jouer. Premiers cours d’éducation sexuelle, on en rigole mais quelque part ça commence à titiller. Coller une droite à un type pour devenir son ami, mais laisser de côté les crans d’arrêt et les pistolets à grenaille, de toute façon nous ignorions de quoi demain serait fait.
En pédalant comme un malade on constate que le vent souffle toujours dans la mauvaise direction. Finalement nos occupations n’avaient pas beaucoup évolué, le Bac semblait loin et les études n’étaient qu’une vague oasis éloignée dans le désert. Évidemment l’alcool et la drogue ont fait irruption dans ce beau paysage mais de toute façon pas pour le pire puisque le permis de conduire n’était encore qu’un projet. Thierry aura changé mon regard sur l’enseignement. Dès lors, on roule aggressif et on essaye de ne pas se casser un bras, de toute façon nous ignorions de quoi demain serait fait.
C’est quand on a l’impression de ne pas vivre pendant deux ans que l’on se rend compte à quel point le temps passe vite, et à quel point il est important de profiter de chaque instant. Alors les deux années suivantes, tu parles, du bonheur en tube, évidemment on est des branleurs, mais quand il faut s’y mettre on s’y met, et si le jury ne veut pas le comprendre on s’en fout. Hors-sujet tu dis ? Pas mon problème, de toute façon je suis déjà parti, et même si j’ignore toujours de quoi demain sera fait, je commence à voir quelque chose se profiler.
Commentaire de choda
30/9/2008 @ 10:42
Tiens, coute écrit aussi ici maintenant ?