Psychiatrie Sectuelle
Nous marchons vers la Pinacothèque de Paris, voir l’exposition de Roy Lichtenstein. À un carrefour, un badaud nous hèle. La quarantaine, le cheveu gris, il est immédiatement très amical.
« Bonjour, je fais partie de la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme, nous organisons une exposition sur les dérives et dangers de la psychiatrie. Savez-vous que dans le Monde, les prescriptions psychiatriques sont devenu la cause numéro 1 de suicide des jeunes de 17 ans et moins ? Venez voir l’exposition, si vous avez dix minutes, c’est gratuit. »
Intrigués, nous acceptons. Nous entrons dans le hall de l’Hôtel de Castiglione, un hôtel de luxe du 8ème arrondissement. L’exposition est à l’étage, nous dit-on. À l’entrée de l’exposition, un type avenant nous gratifie d’un sourire, et notre interlocuteur au cheveu gris nous fort aimablement remet la vidéo au début. Nous nous trouvons dans une petite pièce au décor tapissé de panneaux à fort contraste. Leur mise en page a pour but de choquer: titres incisifs, fonds noirs, lettres à teintes rouges, les portraits mis en valeur font peur. Un sentiment de malaise s’installe. La vidéo démarre. Le mot “Psychiatrie” est métallisé, teinté de rouille et de sang. Des témoins parlent. La psychiatrie a ruiné leur vie. La psychiatrie a ruiné la vie de proches. Des docteurs en psychiatrie (ou tout du moins, c’est ce qui est écrit) parlent des dérives de la discipline. Les maladies mentales ? Des fadaises pour vendre plus de pilules et torturer des personnes innocentes.
En quelques minutes, le sentiment de malaise devient de plus en plus présent. Nous nous levons rapidement et faisons le tour de la salle. Partout, des panneaux ayant pour vocation de faire peur, des écrans plats diffusant des vidéos anti-psychiatrie. Le ton est dur, très dur. Aucune concession, les psychiatres, relégués au rang d’eugénistes hitlériens, sont jugés et pendus. Une magnifique photo du führer illustre la pensée tout en nuances de l’expo. Nous marchons de plus en plus vite pour atteindre la sortie. Quatre, cinq, six, sept pièces se succèdent. Un panneau expose une liste de photos de célébrités, victimes selon l’exposant, de la psychiatrie. Marylin Monroe. Kurt Cobain. Michael Hutchence. Sacrifiés pour étayer de plus belle une démonstration supposée sans faille. Alors que nous arrivons dans la dernière pièce, une vidéo se termine, un groupe de six personnes se lève. Une femme vêtue d’une robe verte nous intercepte.
« Attendez, attendez ! Vous voulez bien faire une donnation pour l’association ? Acheter notre DVD ? Simplement signer le livre d’or ? »
Nous répondons par la négative. Nous partons. Vite. Cet endroit dégage définitivement une atmosphère malsaine.
Une fois rentré, une visite au site officiel de cette “association” et particulièrement à la section “Les origines” confirme mes craintes:
Quand CCDH a été créée en 1969 aux Etats-Unis, le monde était largement ignorant de la nature, de l’importance et des effets des pratiques psychiatriques. Aucun contôle ne s’exerçait alors sur celles-ci. C’était un monde dans lequel les millions de personnes souffrant de maladie mentale n’avaient aucune voix pour se faire entendre. CCDH est devenue cette voix. CCDH a été co-fondée par l’Église de Scientologie (*) en tant qu’association indépendante dont le but est d’exposer les violations des droits de l’homme commises en psychiatrie et d’assainir le domaine de la santé mentale. Le co-fondateur de CCDH est le Docteur Thomas Szasz, Professeur de Psychiatrie, écrivain et philosophe de renommée internationale.
Okay. Je comprends mieux, dit comme ça.
Commentaire de Le_Zouave
16/7/2007 @ 14:43
C’est comme ceux qui croient à l’homéopathie et ceux qui ne veulent pas vacciner leurs enfants…
Après la Scientologie est présente en France sous forme d’assoc de loi 1901 donc bon…
C’est une parmis tant d’autres.