Monde de merde
La semaine dernière, Raffarin et Sarkozy furent chahutés lors d’un voyage en Corse par des fonctionnaires mécontents de la réforme des retraites. Le premier ministre ne put tenir le discours prévu ailleurs que dans un hall de l’aérogare, debout sur une chaise. Cette nouvelle pas si anodine que ça fut brièvement expèdiée lors du JT. Je n’ai pour l’instant vu aucune image, que ce soit à la télé ou dans les journaux, de Raffarin ou Sarkozy sur cette chaise. Aucun journaliste n’a eu l’idée lumineuse d’immortaliser cet événement d’importance ? Quel dommage. Pourtant, ils étaient présents, j’ai trouvé des tas de photos des “manifestants” mais aucune des deux braves sur leur chaise. Serait-ce là un geste de Matignon visant à faire rapidement oublier ce fiasco ? . Ayé. Vu dans 20minutes ce matin, le brave Jean-Pierre et son fidèle roquet Sarko debout sur des chaises de jardin. Une photo tellement ridicule qu’elle devrait être affichée dans les mairies et les lieux publics.
Silvio Berlusconi, lui, vient de faire voter la suspension de tous les procès qui l’accablent. Quel bel exemple de démocratie que voilà ! Un premier ministre à la limite de l’extrême-droite, mis en cause dans un fratras d’affaires louches, fait voter par des représentants de son peuple une impunité totale à son égard. Cet intéressant précédent dans un pays de l’UE va bientôt être renouvellé par un autre chef d’état, et pas n’importe lequel: le nôtre. Chirac prépare en effet son projet “d’impeachment” à la Française, qui assurerait une immunité pénale au Président de la République pendant la durée de son mandat, sauf motif avèré de destitution. Alors que son immunité pénale avait été déclarée par la justice, Chirac couvre ainsi ses arrières avec une loi qui garantit sa tranquilité jusqu’en 2007. Et avec un peu de chance, en 2007 il y aura prescription sur quelques affaires dans lesquelles il est mis en cause, n’est-ce-pas ?
Enfin, terminons avec l’aberrant déploiement de force utilisé pour l’interpellation de José Bové. Une interpellation digne du GIGN qui capturerait un membre d’Al Qaeda. Si Bové n’a jamais nié ses implications lors des actes de destruction d’OGM, si ces actes sont répréhensibles, que dire d’une justice qui envoie un syndicaliste en lutte contre les multinationales en taule quand la FNSEA saccage, pour ses intérêts propres et en toute impunité, des entrepôts ou des bureaux de ministres ? Saccages dont les dégats seront remboursés par l’État ? Que dire d’une justice qui laisse en liberté des Schuller, des Juppé, des Chirac, et envoie un Bové en taule à l’heure ou G.W. Bush réclame la suppression du moratoire sur les OGM ? Que dire d’un président qui, après avoir soigneusement laissé son roquet de l’intérieur organiser cette mascarade, va faire montre de grande générosité en amnistiant Bové le 14 juillet ? Je te coupe une main, mais je suis prêt à te serrer l’autre. Et tu as intérêt de me remercier, connard.