Sorry guys, but the Main Square Festival is in another Castle
Après une belle soirée et seulement 4 vraies heures de sommeil, réveillé beaucoup trop tôt par l’orage qui fait choir la punition divine sur nos têtes pendant deux bonnes heures, je me dirige vers le métro de Chatillon et en quelques minutes mes Converse sont gorgées d’eau, ça fait schpouic schpouic quand je marche, et je finis par rejoindre Tom à Porte d’Orléans. Là nous attendons Laetitia et Nico qui seront nos pilotes vers Arras, où se déroule comme tous les ans le Main Square Festival auquel j’avais déjà assisté avec plaisir en 2008. Cette année un seul nom a suffi pour me convaincre, ce sera la seule date française de Pearl Jam (ce passage en gras est approuvé par LeReilly), aucune hésitation je suis directement passé par la case billetterie. Une fois de plus c’est quand même horriblement cher pour un festival avec un billet à 59 Euros la journée qui coûte le prix d’un pass 3 jours à Solidays, mais je fais contre mauvaise fortune bon coeur 59 Euros c’est aussi parfois le prix d’un seul concert à Bercy et puis merde, Pearl Jam quoi. Nous arrivons vers 14h sur Arras, le temps de se garer, de récupérer des sandwiches et de se diriger vers le site du concert. L’organisation a décidé cette année de déplacer le festival afin de proposer une deuxième scène, pourquoi pas même si ce qui faisait le cachet assez unique jusqu’ici du Main Square (et qui lui donnait son nom) était quand même son emplacement sur la Grand’Place, un cadre pareil ça ne se voit pas tous les jours.
Évidemment le cadre en question avait aussi de gros défauts: capacité d’accueil limitée, pavés partout ce qui ne permet pas tellement de se reposer, quasiment aucune zone d’ombre en cas de gros soleil, et possiblement des riverains qui ont fini par dire que c’était bien joli ce boxon pour les jeunes là mais qu’on aime bien dormir aussi des fois. Le nouvel emplacement choisi est la citadelle d’Arras, construite et fortifiée par Vauban au XVIIème Siècle et qui désormais appartient à l’Armée de Terre. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela se voit: l’entrée en pierre est très belle et impressionnante, il y a un superbe clocher à l’intérieur avec lequel les ingénieurs chargés des lumières joueront en y projetant l’ombre des artistes, mais pour le reste, c’est une caserne. Pour tout dire, on dirait la cour d’une prison tellement c’est triste. C’est tellement dommage parce que le festival y perd en âme pour n’y gagner qu’à moitié en confort: si l’on dispose désormais d’un espace de verdure, la place devant la grande scène semble d’une superficie identique à la Grand’Place et est faite d’un mélange de terre battue et de gros gravier qui démolit les pieds pour peu que l’on n’ait pas une semelle compensée. L'”espace de verdure” est assez relatif puisqu’une fois que tous les festivaliers sont là c’est tout juste si l’on ne se marche pas dessus. Le Main Square doit-il encore se dérouler en plein centre d’Arras dans ces conditions, ne serait-il pas judicieux d’essayer de trouver un cable plus hospitalier pour une telle quantité de public ?
Nous entrons en moins de cinq minutes, comme la dernière fois, excellent point. Comme tous les ans le festival conserve son système de tickets pour les boissons et la bouffe, c’est probablement plus pratique pour les commerçants puisque ça évite d’avoir à rendre la monnaie, pour les festivaliers ça signifie se taper la queue non seulement aux échoppes mais aussi à la vente de tickets et je ne suis pas certain que l’on y gagne réellement, surtout qu’ensuite il faut faire de savants calculs pour ne pas se retrouver avec des tickets sur les bras (quitte à les revendre à d’autres…). Il y avait peu de points d’eau sur le festival et le seul que j’aie trouvé proposait de l’eau non potable: devoir traverser la moitié du site pour se laver les mains après être passé aux toilettes et ne même pas pouvoir remplir une bouteille au passage, c’est pas génial, je me plaignais de l’orga de Solidays la semaine dernière mais finalement on trouve toujours pire. Évidemment à l’époque de la Grand’Place je n’étais pas aussi exigeant étant donné le cadre, mais puisque les orgas ont eu des rêves de grandeur il serait bon que ceux-ci s’accompagnent de services de meilleure qualité, surtout vu le prix des billets…
Je suis malgré tout de bonne humeur: ce soir je vois Pearl Jam et au vu du reste du lineup de la journée il y a moyen de bien s’amuser, en plus il ne pleut plus et parfois on voit même percer le soleil entre deux (gros) nuages. J’écoute d’une oreille distraite Lilly Wood & The Prick et reconnais quelques titres, nous passons nous restaurer (« Mais c’est quoi la fricadelle ? ») et puis direction la scène où Julian Casablancas fait son entrée. Alors il a l’air un peu bourré mais il salue la foule, et puis il commence par Hard to Explain des Strokes et nous sommes à bloc, s’il joue moitié de morceaux des Strokes et moitié de son album à lui ça devrait le faire, manque de bol ensuite il passe sur du full Casablancas solo, et que dire… c’est vraiment pathétique. Les musiciens ne sont pas tellement à blâmer, les morceaux sont d’un bordélique, aucune structure, une grosse cacophonie, et Casablancas qui s’époumonne au milieu de gros sons de synthé affreux. Nous prenons la fuite au bout de quatre titres, rien à dire, Casablancas tout seul ce n’est pas les Strokes. Après avoir bu un coup nous revenons pour Phoenix. Le groupe est en forme, les morceaux s’enchaînent, nous sommes à bloc, c’est vraiment très chouette, grosse ambiance sur scène où le batteur est déchaîné, et dans le public… miséricorde, c’est la même chose qu’en 2008, le public est d’un stoïque… Alors de temps en temps entre les morceaux ça va crier et applaudir mais ça ne se remue pas des caisses… dommage pour un groupe qui avec une belle performance méritait largement mieux que ça. Je prends la fuite parce que je sais qu’ensuite c’est -M- et sa désastreuse prestation de Solidays m’a déjà largement suffi, je préviens quand même les copains que ça risque d’être le même merdier, il démarre une chanson, puis en plein milieu break, gros solo de basse interminable, ou alors il raconte des conneries, ou les deux en même temps, et fait durer le moindre titre 10 minutes. Et ça n’a pas loupé, il a refait exactement la même chose, dans la file d’attente pour attrapper un truc à manger j’entends des gens s’en plaindre, un public étonamment nombreux fuit la grande scène, manifestement il n’y a pas que mes potes et moi que ça gène, que quelqu’un prévienne -M- que sa saison 2010 est catastrophique histoire qu’il arrète les frais, on est vraiment loin de la qualité de ses shows de 2005-2006…
Nico et moi filons pour une interprétation mémorable de Make It Wit Chu des QOTSA sur la scène du stand Guitar Hero, Nico signale en rigolant que c’est un peu vache de lui avoir filé la batterie vu qu’il est chanteur, les animateurs du stand, trop contents de ne pas s’être tapés du Nirvana, du Police ou du Rammstein pour la 57ème fois de la journée, lui proposent de rester pour chanter la suivante, un groupe de petits jeunes monte sur scène et veulent jouer Maiden, Mother & Crone de The Sword, le pauvre Nico qui ne connaît pas le morceau se retrouve obligé d’improviser mais fait le show et c’est bidonnant, pendant que derrière nos trois petits nerdillons font péter le score en Expert. Nous partons sous les applaudissements du public, eh oui, c’est ça le rock. Et là j’entends, sur ma gauche, depuis la “Green Room” un morceau que je reconnais. Je demande “c’est une cover ou bien ?”, autour de moi on s’interroge, “mais si bordel c’est super connu c’est… c’est…”
Je me prends une armoire normande sur la tronche.
J’avais juste complètement zappé que Gomez jouait sur la “petite” scène, celle de l’espace de verdure, pendant la fin du concert de -M-. Alors là je suis aux anges parce que Gomez, ça fait des années que j’avais envie de voir ce qu’ils pouvaient donner sur une scène, pour mémoire Gomez c’est ça, et bordel que c’est bon, ils ont quand même un sacré paquet d’albums au compteur maintenant et il faudrait que je me mette à jour parce que j’en étais resté à In Our Gun moi. Après cette formidable surprise, nous apprenons qu’il n’y a plus de pain et donc plus de sandwiches, merci les gars, ça fait seulement 15 minutes que la queue n’avance plus, ça n’aurait pas été du luxe de prévenir. Nous partons sur un autre stand de bouffe, entre-temps Tom revient tout fier de son tshirt Pearl Jam tout neuf, le salopard il me donne envie, 30 Euros un tshirt c’est juste un putain de prix d’affameurs de merde, mais je ne suis qu’un fanboy et un fanboy ne se refait pas, j’ai honte, vraiment honte, je cède et j’en achète un, merde, c’est Pearl Jam et d’habitude leurs tshirts sont moches, alors pour une fois…
Les premières notes du concert de Ben Harper se font entendre alors que je termine de manger, j’ai perdu un peu tout le monde dans la foule, nous avons rendez-vous devant la régie, je contourne la foule pour passer aux toilettes et récupérer une bouteille d’eau en me débarrassant de mon dernier ticket puis me faufile dans le public jusqu’à la régie, personne, pas grave le concert est très bon et c’est une agréable surprise parce que j’ai complètement déconnecté de Ben Harper depuis des années, et je ne l’ai pas revu en live depuis les Vieilles Charrues en 2001, le groupe qui l’accompagne se donne bien et quand Eddie Vedder débarque sur scène pour une cover d’anthologie de Under Pressure je suis en transe, bordel, je n’en peux plus, filez moi du grunge de Seattle en intraveineuse. Alors que le set de Harper se termine je tente d’avancer un peu histoire d’être bien placé, je tombe sur Laetitia et Nico qui préfèrent reculer un peu pour ne pas être serrés comme des sardines, je vois Tom et Romeù environ 10-15 mètres devant moi mais impossible d’avancer plus loin, la foule est trop compacte, oh il y en aura bien pour tenter de forcer le passage notamment une fille qui, alors que je lui signalerai que tout le monde cherche à avancer, me répondra “c’est pas le problème, moi j’ai des potes devant” et moi connasse tu crois que je veux aller devant pour acheter de la brioche et du beurre ? Je me dis que de toute façon dès que ça commencera un peu à remuer il y aura moyen d’avancer facilement sauf que j’avais oublié un détail majeur.
Pourtant j’en avais déjà eu un aperçu quelques heures plus tôt, et j’y avais déjà eu droit en 2008.
C’est quoi le problème de ce putain de public statique ? Alors que le concert de Pearl Jam vient de démarrer sur les chapeaux de roues et que Got Some retentit, il y a autour de moi une masse de gens qui ne remuent même pas une oreille. Pas de saut, pas de danse, pas de hochement de tête, rien. Ils se font chier ou quoi ? Une fois de plus, chacun apprécie la musique comme il l’entend, mais pour être tranquille chez moi pépère et pas remuer la bite je regarde un DVD d’un live, je ne vais pas à un putain de festival. Je vois sur ma droite un groupe de jeunes qui mettent un peu l’ambiance, j’aimerais bien les rejoindre parce que je me sens un peu seul à sauter au milieu de mon groupe de mollusques, simplement je n’ai pas la place de passer et non, je suis quand même bien élevé contrairement à pas mal de gens en concert, je ne bousculerai pas six personnes même si je les maudis intérieurement d’être aussi stoïques. Sur Given to Fly je saute, je crie, je donne tout ce que j’ai, Vedder dit que c’est cool d’être là parce que pendant des années le site a servi à l’armée et là il est rempli de musique, il remercie les autres groupes présents, et puis Corduroy, merde je suis tellement heureux d’entendre un morceau de Vitalogy qui est probablement mon album préféré, après Porch le groupe quitte la scène, what, 45 minutes de set, c’est quoi cette fausse blague, et yeaaah sur ma droite un chemin se dégage je peux aller rejoindre le groupe de petits jeunes qui ont la patate, retour sur scène accompagnés de Ben Harper pour interpréter un surprenant Red Mosquito et c’est une sorte de deuxième partie de concert à laquelle nous assistons, sur Alive ENFIN, ENFIN le public se fait entendre, enfin surtout la fosse tout devant où ça bouge déjà depuis le début et où ça crowdsurfe (et où je pleure de ne pas être) parce que sur plusieurs mètres devant moi je ne vois toujours personne remuer une oreille, ça m’exaspère à tel point que je hurle (en vain) « Mais vous êtes fatigués ou quoi ? Bougez vous le cul bordel ! » ce qui fait beaucoup rire mes compagnons d’infortune, aussi désespérés que moi devant ce parterre de feignasses, chouette cover de Baba O’Riley des Who et finish évidemment sur Yellow Ledbetter. Et merde, 1h30 c’est court, tellement court, beaucoup trop court. S’il-vous-plaît les gars, revenez en France, et pas en festival, histoire qu’on puisse se taper nos 2h30 réglementaires…
Ensuite retour à la bagnole, un peu compliqué parce qu’on nous oblige à sortir par une autre issue que l’entrée, petit jeu de piste pour retrouver le parking, et Laetitia nous ramènera sains et saufs chez moi tandis que tels deux gros étrons Tom et moi comatons dans la voiture. Encore un samedi bien rempli, check.
Setlist approximative de ce dont je me rappelle pour Pearl Jam: Unthought Known / Got Some / Given to Fly / State of Love and Trust / Corduroy / Even Flow / Just Breathe / nouveau morceau pas fini d’écrire dont je n’ai pas entendu le titre / Elderly Woman Behind the Counter in a Small Town / Porch / Red Mosquito / Jeremy / Black / The Fixer / Alive / Baba O’Riley / Yellow Ledbetter
Commentaire de Merriadoc
4/7/2010 @ 22:39
Enosense joue encore ? Ca fait plaisir :-)