Vélibâtard
Nous partons de chez Nick à 2h50. Le gros et moi-même décidons de rentrer… en Velib’. La dernière fois, il m’avait fallu 29 minutes pour faire Porte d’Orléans – Rue des Boulets. Vu l’absence totale de circulation, je suis sûr de pouvoir faire mieux.
Nous arrivons avenue Daumesnil en 20 minutes à peine. Record pulvérisé. Nous nous séparons, lui filant vers Nation, moi vers Charonne. Je fais une petite prière en espèrant que la station en bas de ma rue, pleine tous les soirs, dispose d’une petite place.
Raté, c’est complet. Je prolonge de 15 minutes ma location en badgeant mon Navigo, et tente d’utiliser l’interface de recherche de stations. Très vite, la désillusion est cruelle: c’est quasi inutilisable. Impossible de zoomer, dézoomer, le déplacement sur la carte se fait par à-coups brusques, il est très difficile de s’y retrouver. Et surtout, cette borne n’affiche strictement aucune station. Je me dirige vers la station de l’intersection de la rue de la Roquette et de la rue Saint-Maur. Complet. Je tourne à droite, vais vers la mairie du 11ème. Complet. Je commence à m’inquiéter un peu. Je descends rue des Boulets. Complet. De l’autre côté de la rue, en face de la Poste ? Complet. À côté de quelques stations, des personnes désespérées ont abandonné leur vélib’ sans l’attacher. Savent-ils qu’ils vont raquer 150 Euros ? Mon téléphone sonne, c’est C0ute. Il est à Nation, il a fait 6 stations, toutes pleines à craquer. Il a croisé des compagnons de galère, qui l’informent que les seules places disponibles sont… à Cour St Emilion. Je manque de hurler un juron au téléphone. Je décide de tenter ma chance à Faidherbe-Chaligny, et donne rendez-vous à C0ute à cette station. Il m’y rejoint. Complet. Nous en sommes à un total de 13 stations, toutes complètes.
Je prolonge une nouvelle fois de 15 minutes et relance l’interface de navigation. Celle de Faidherbe indique une station avec 22 places ! Nous croyons à un miracle, ou un bug. Nous allons quand même jeter un oeil. La station est allumée, mais pas encore mise en service. Merci JCDecaux pour la fausse joie ! Nous redescendons en direction de Bastille. À Ledru-Rollin, une nouvelle station complète, et qui en plus bugge: une jeune fille voulait prendre un vélo, les bornes jouent aux guirlandes de Noël et clignotent entre le vert et le rouge. Rue de Charonne, complet une fois de plus. À Bastille, une première station est complète boulevard Richard-Lenoir, malgré une quarantaine de bornes. De l’autre côté du boulevard, c’est également complet. 18 stations essayées. Nous remontons la rue de la Roquette, et là miracle: C0ute trouve une place, mais une seule. Il en a pour plus de 30 minutes à pied, il décide de prendre un taxi. Je remonte la rue de la Roquette et tourne rue Basfroi, 20ème station complète. Je continue à remonter, jette un oeil à l’intersection de la rue Saint-Maur au cas où une place se serait libérée, toujours complet. Une borne est en chantier quasiment en face sur la rue de la Roquette. Je remonte en direction du cimetière du Père Lachaise. Borne allumée mais pas en service. Je me dirige vers la station Père Lachaise. Borne allumée, mais pas en service non plus. Je tourne à gauche rue du Chemin Vert, espèrant trouver une place vers Saint-Ambroise. Et là, miracle, alors que je passe à côté d’une 23ème station, une place libre, et je peux me garer. Je rentre rapidement chez moi à pied, il est 4h30. Si le système de repérage de places libres avait fonctionné rue de Belfort, j’aurais mis seulement 5 minutes à me garer. Au lieu de ça, j’ai mis plus d’une heure à trouver une place. Et au final, presque autant de temps que si j’étais rentré de Porte d’Orléans à pied…
Qu’on ne vienne pas me sortir la vieille rengaine “Velib’ est victime de son succès”. Ce genre de choses aurait dû être prévu dès le départ. Celà fait près d’un mois et demi que je vois la station en bas de ma rue systématiquement pleine dès 19 heures. Je pensais prendre Velib’ pour rentrer du boulot en vélo, me disant que je trouverais toujours à me garer autour vu le nombre de stations disponibles. La désagréable aventure de ce soir m’en dissuade fortement, très fortement. Je persiste à penser que Velib’ est une excellente idée. Mais à l’heure actuelle, le système souffre de très graves problèmes de mise en service. Entre les plantages des bornes, le système d’abonnement préhistorique et les stations du centre de Paris asphyxiées tous les soirs, j’ai finalement décidé de ne pas prendre d’abonnement annuel tant qu’un énorme boulot ne sera pas fait pour améliorer le service.
Commentaire de rominet
30/8/2007 @ 9:46
Penser qu’on peut batir une infrastructure de transports sans y mettre des moyens humains est d’une naïveté criante. La ratp, la sncf, les taxis, ça marche (pas si mal que ça) parce qu’il y a des gens dont c’est le travail.
Pour que Velib marche il faut:
– des permanences par quartier, au moins de 8h à 24h, pour gérer les problèmes des clients et récupérer les vélos s’il y en a trop,
– des gens qui répondent au téléphone à toute heure,
– beaucoup plus de transports de vélos
– une IT qui plante pas toutes les heures.
Sinon ca restera un truc de bobos, et comme ils habitent tous au même endroit, ils auront des problèmes de bobos, et en plus ils pollueront le champ visuel des autres (cf http://blog.rominet.net/2007/08/velib-o.html).
Pour ma part, je garde mon mazout qui pue et mon garage \o/