Blog me
Qu’est-ce qui peut bien pousser un homme à raconter sa vie sur le web ? Attention hein. Je dis “homme”, au sens “humain”, bien entendu. Hors de question de débuter mon weblog en froissant la quasi-totalité de mon lectorat féminin. Ça m’ennuierait quelque peu.
Qu’est-ce, donc, qui motive quelqu’un pour s’exposer ainsi au grand jour ? Une volonté refoulée d’exhibitionnisme ? Un relent de mégalomanie galopante ? Bof. Peut-être simplement l’envie de partager quelque chose, si futile soit ce quelque chose. J’aime lire le weblog des autres gens, je supposerai donc (allez, soyons optimiste) qu’il y a au moins une personne sur cette Terre qui elle aussi aime ça au moins autant que d’écrire le sien. Parce que forcément, si tout le monde en écrit mais que personne ne les lit, c’est moins amusant, vous comprenez. Un weblog est une tribune. Dans cette tribune, l’auteur grignote petit à petit la coquille faite de ses états d’âme. Il y appose sa touche personnelle, bien sûr. Celle qui fait qu’il bénéficiera de l’attention des lecteurs, plus que le WL d’un autre. Il sait appâter le client. Après tout, qui lirait un WL dont les seules scènes d’action épiques seraient :
12:35
Ai mangé des raviolis au RU.
11:54
Ai sorti les poubelles et dit bonjour à la factrice.
Non ! Définitivement non. Il faut amplifier et romancer chaque événement. Voici ce qui attire le lecteur :
12:35
Vous avez déjà regardé un ravioli de très très près ? Y’a pas de trou. Je me suis toujours demandé comment on fabriquait ces trucs-là. Est-ce qu’on commence par la couche du bas, légèrement concave, sur laquelle on tartinerait la sauce tomate garnie de boulettes de viande, et qu’on recouvre ensuite avec la couche du haut ? Ou bien la fameuse couche du haut ne faisant qu’une avec la couche du bas, on se contente de les replier l’une sur l’autre et de les thermomouler après avoir vidé la dose industrielle de garniture ? Dernière théorie en date : une injection à la seringue de la garniture, à l’intérieur d’un ravioli creux et cru. Ensuite, on fait cuire le ravioli, et ça bouche le trou. Mouais. Le mystère demeure.
11:54
Inouï comme on a l’air con quand on descend 2 étages en chaussons pour aller au local poubelles, et qu’on croise sa nouvelle factrice qui doit avoir dans les 25 ans bien tassés, et qui est absolument divine. C’est quand même dingue ça, de voir tous les jours un vieux truc gros et moche et de se taper une affiche phénoménale devant la nouvelle égérie de Wonderbra -précisément- le jour où, par flemme, on descend ses poubelles en pantoufles. C’est un complot, je vous le dis. They all are jealous.
Vous voyez ? Ça marche avec n’importe quel sujet à la con.
Attention. Je ne critique pas les lecteurs ou les rédacteurs de WL, point s’en faut. Étant moi-même de ceux-ci, je ne pense pas encore avoir de pulsions masochistes, paix à mon âme. J’expose ma vision du truc. Attendez quelques semaines, et vous verrez fleurir des articles sur le sujet dans les magazines dits “de société”. Mais si, vous savez bien, les torchons genre VSD, Entrevue, Newlook, et autres. On appelle ça des magazines “de société”. Pas “de merde”, non non, “de société”.
– Sodexho fait de la nourriture “de société”
– Les L5 font des disques et des chansons “de société”
– Accessoirement, les L5 sont aussi un phénomène “de société” (entendu à la TV)
– George Lucas fait du cinéma “de société”
– Windows est un OS “de société”
– VideoLan lit les DVD avec un son “de société”
Je pense que vous avez pigé le truc, non ? Je vais arrêter là pour les exemples, alors.
Bon. J’en étais où ? Ah oui. Je vois déjà venir les articles “la folie weblog”, “êtes-vous un blogger ?”, et autres conneries. Le tout agrémenté de portraits de webloggers, d’analyses sociologiques faîtes par nos amis les connar^Wsociologues (“gna gna gna, culte de la personnalité, hypertrophie de l’égo, besoin de reconnaissance, bla bla bla”) et de tout un tas de trucs dont, finalement, personne n’a rien à foutre. Et attention les enfants. Si Sarkozy s’en mèle, ça va bientôt être interdit, cette affaire. Pire : si vous lisez un weblog en fumant un joint, ça sera perpèt’ sans passer par la case départ. Je ne vous dis même pas si vous faîtes ça dans une cage d’immeuble. Vous voilà prévenus.
Je viens de relire tout ce que je viens d’écrire, depuis le début. Mon Dieu quel foutoir. C’est décousu, mal construit, pas structuré… tout ce qu’il faut, en fait. Dire qu’au début je voulais faire court. C’est pas en pondant des romans en quinze volumes que je vais fidéliser le lecteur. Trois coups dans l’eau.
J’ai appris un truc marrant l’autre jour. Mario, vous savez ? Le plombier en rouge et bleu, là. Dans Mario Sunshine. Il a 22 ans. Enfin bon quand on voit son bide et sa moustache on lui donne plus, mais en fait non. Sa première apparition dans un jeu date de 1980, si j’en crois Le Monde. Ça m’a fait tout drôle de penser qu’il avait le même age que moi, ce con. Ça m’a presque extirpé de ma période “vieux con aigri”. Tout le monde a déjà eu sa période “vieux con aigri”, non ? Moi c’était ces derniers jours. Ces derniers temps j’ai cotôyé des jeunôts, qui connaissaient les Beatles, les Stones, les Doors, les Floyd, uniquement de nom. Qui n’avaient jamais entendu parler des Pistols, ou des Pixies. Qui étaient incapables de me citer un titre de Jeff Buckley. Y’en a même eu qui ne connaissaient pas Nirvana. Par contre, les guignols de la Star Academy, ils connaissaient tous leurs noms, même leur curriculum pour certains. Misère. Génération X, mon cul.
Faudrait p’tet que j’arrête là, quand même. C’est pas à mon âge qu’on commence à pester contre les jeunes cons, non plus. Un peu de calme. Va aussi falloir que je me surveille pour faire moins long.
Out. EOT.
Au fait, vous avez déjà regardé un ravioli de près ?