On ne peut pas dire que ce soit une surprise: Didier Porte et Stéphane Guillon viennent de se faire éjecter de France Inter. Le sort de Guillon était déjà quasiment scellé depuis des mois, le (peu inspiré, avouons-le) « J’encule Sarkozy » de Porte a fait le reste.
Ce qui est plus surprenant par contre, c’est l’impressionnant numéro de langue de bois et d’hypocrisie auquel s’est livré Jean-Luc Hees pour justifier la disparition des chroniqueurs humoristiques de la tranche matinale (l’humeur de François Morel ne sera pas reconduite non plus):
« J’ai eu de nombreuses discussions avec Stéphane Guillon à propos de ses chroniques. Si l’humour se résume à l’insulte, je ne peux le tolérer pour les autres mais également pour moi. Quel patron d’une grande entreprise accepterait de se faire insulter par un de ses salariés sans le sanctionner. J’ai un certain sens de l’honneur et je ne peux accepter que l’on me crache dessus en direct. »
C’est là le lot commun de toute personne employant des humoristes, et Jean-Marie Messier ne dira pas le contraire: les Guignols ne l’ont jamais épargné alors que Vivendi était propriétaire de Canal+.
« L’humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans. »
Cette phrase, reprise dans tous les média, ne veut rien dire. En quoi Porte et Guillon auraient-ils “confisqué” l’humour ? C’est de leur faute si Laurent Gerra, Anne Roumanoff et Nicolas Canteloup sont plus pathétiques que drôles ?
« Je prends cette décision non pas sur une quelconque pression politique mais en m’appuyant sur des valeurs minimales d’éducation et de service public. »
L’éducation a bon dos. Okay, le langage employé par Porte et Guillon ne convient pas à une audience “jeune”. Mais si Jean-Luc Hees essaie de nous faire croire que les programmes matinaux d’Inter sont destinés à la jeunesse… faudrait pas pousser Mémé non plus.
« Je considère que cette tranche d’humour est un échec. »
En matière de flagornerie et de léchage de boule, effectivement c’est loupé. Concernant l’audience, on verra bien l’an prochain mais j’ai déjà mon opinion.
Mes félicitations au demeurant à Messieurs Hees et Val: nul doute que « l’actionnaire » saura apprécier leurs efforts.