Autorise Kaïra Forever
Résumons. Des «jeunes», pensant (à tort ou à raison) être poursuivis par la police, se réfugient dans un transformateur EDF. Deux d’entre eux perdent la vie malgré l’intervention des pompiers. Depuis, des «jeunes» de diverses cités cassent des magasins, brulent des bagnoles et tirent sur les flics.
Parmi les observateurs extérieurs, deux camps se distinguent.
D’un côté, des bonnes âmes qui voient dans ces actions un cri de révolte, le seul moyen pour les «jeunes des banlieues» de faire entendre leur voix et d’exprimer leur ras-le-bol.
De l’autre, des agités au discours hyperviolent exprimant eux aussi un ras-le-bol, le ras le bol des branleurs en survêtement / sac banane / casquette qui les insultent dans la rue pour un regard malencontreux ou les brutalisent pour une cigarette, quand ce n’est pas pire encore. Ceux-ci vont jusqu’à réclamer l’intervention de l’armée avec tir à vue, grosses poilades en perspective.
Comme souvent dans un débat aussi manichéen, je me trouve quelque part entre les deux. Bien sûr la situation sociale dans les cités n’incite pas à docilement fermer leur gueule et accepter les faits en attendant sagement les conclusions de l’enquète, même si c’est ce que la famille des victimes demande. D’un autre côté, les agissements de certains au fur et à mesure des années provoquent des réactions de colère compréhensibles. Souvenons-nous par exemple des manifs lycéennes du printemps dernier, perturbées par des bandes de lascars tabassant les manifestants pour les détrousser. Difficile pour les jeunes des cités de se faire passer pour des victimes quand parmi eux on se donne aussi souvent une image de « racaille ».
C’est sur ce mot que je voulais d’ailleurs revenir. En ce moment, la polémique fait rage suite à l’utilisation du terme par Sarkozy, fidèle à son plan de domination du monde via la démagogie à outrance. Certains, parmi lesquels toute l’opposition, trouvent scandaleux que l’on puisse qualifier ainsi les jeunes des cités. Même si Sarko n’agit ainsi que par pur populisme comme à son habitude, il ne faudrait tout de même pas oublier que les actes de vandalisme et les violences de ces derniers jours ne sont pas l’oeuvre de tous les jeunes de ces cités mais fort vraisemblablement de ceux qui, depuis maintenant des années, se sont auto-attribués ce nom de « racailles », que parmi eux on est respecté si on est un caïd, un méchant, et qu’il y a même des marques de fringues qui se sont emparées du phénomène… Ces types qui brulent des bagnoles et démolissent des magasins sont-ils réellement les mêmes qui, face à la misère et la dureté de leur univers, cherchent à s’en sortir ? On peut tout de même parfois en douter.