République – Le Zénith: 45 minutes de marche. Sous la pluie.
À 20h, la salle est à moitié pleine. Des jeunes gens tenant des paniers à linge à bout de bras scandent “Boissons fraîches ! Sandwiches !”, je me fraye un chemin jusqu’à environ 4 mètres de la scène, au milieu de la fosse. Les lumières s’éteignent.
4 jolies jeunes femmes s’avancent sur scène, transportant chacune leur minuscule guitare Hawaiienne, et se présentent: ce sont les Ukulélé Girls et elles vont ouvrir cette soirée par une reprise au ukulélé complètement hallucinante du mythique Killing in the Name de Rage against the Machine. Je suis toujours sous le choc lorsqu’elles enchaînent avec une reprise non moins délirante (et toujours au ukulélé) du Gangsta Paradise de Coolio. Elles termineront ce set très court (4 morceaux seulement) avec Pump Up the Jams et un dernier titre que j’ai oublié. Désolé. Déjà deux personnes devant moi en train de se griller une clope malgré les panneaux un peu partout, s’il vous plaît, vous voulez bien ne pas fumer ? Oui ça me dérange. Bin non je suis bien ici j’ai pas envie de bouger. Merci. Connards.
Les lumières se rallument et la salle est un peu plus remplie. Les crieurs au panier à linge sont de retour. J’ai un peu faim mais leurs sandwiches ne me font pas rêver. Les lumières s’éteignent de nouveau.
Décidément les versaillais savent choisir les groupes qui passent avant eux. Les trois jolies membres New-Yorkaises d’Au revoir Simone entrent sur scène, essayent entre deux éclats de rire de discuter en français avec le public, expliquent qu’elles sont super contentes d’être à Paris, et en plus en première partie d’un de leurs groupes préférés. Leur set électro entièrement joué au synthé est agréable et acidulé comme un bonbon Arlequin, savamment rythmé par de bon gros beats pas piqués des vers. Je vais définitivement y jeter une oreille plus attentive dans les jours à venir. Les belles jouent 6 morceaux environ avant de céder la place.
Les lumières se rallument. Cette fois-ci la salle est presque entièrement remplie. Gageons que la grève des transports n’a pas aidé les gens à arriver à l’heure. Ça re-fume devant moi. S’il vous plaît ? Oui, merci. Pas de contestation cette fois, et même un mot d’excuse, ça fait plaisir, c’est pas souvent. Une petite quinzaine de minutes plus tard les lumières s’éteignent de nouveau. Ça y est, c’est parti.
Tout de blanc vêtus, les deux membres de Air font leur apparition. J’appréhendais pas mal leur prestation, peur d’être déçu, peur de m’ennuyer, peur que leurs beats downtempo m’endorment pendant le concert. Quelle erreur. Le magistral Electronic Performers d’ouverture me met une claque monumentale et me scotche par terre. Quelques frayeurs parfois (ça chante pas toujours juste, il faut bien le dire), mais les morceaux lounge succèdent aux morceaux agités avec bonheur. Godin et Dunckel piochent dans la totalité de leur répertoire ou presque, les classiques ne sont pas oubliés, Remember, Cherry Blossom Girl ou La Femme d’Argent en tête. Mademoiselle à cette distance le flash ça ne vous servira à rien vous savez. Oui enfin à moins que votre but soit de m’aveugler avec. Oui, je suis sûr, regardez, vous voyez, vous avez pris les têtes des gens devant vous et le reste est tout flou. De rien. Et c’est suite à ce flash que j’ai pris conscience d’un truc horrible. Mais alors vraiment. Alors que nos deux artistes donnent tout ce qu’ils peuvent sur scène, les spectateurs sont mous. Mais alors mous. Amorphes, quoi. Même pas ils tapent du pied, même pas ils ondulent une épaule, alors un hochement de tête, houla, quelle horreur ! Je sais bien que la clientèle de Air est probablement plus souvent proche du bobo-gros-blasé, mais là quand même, c’est un bon concert, ça bouge bien, vous pourriez au moins essayer de danser non ? Eh non. C’est fou, mis à part à la fin des chansons (où ça applaudit à tout rompre) j’ai l’impression qu’une bonne partie du public s’emmerde tellement ça ne remue pas une oreille. Ils seraient à un meeting de Sarkozy ils feraient pareil.
Ils gueulent tout de même bien pour un rappel, chouette, bon sur les côtés y’a des gens qui dansent, je vais aller là-bas histoire de ne pas rester au milieu de ce troupeau immobile, un Sexy Boy bien pêchu et un final magnifique mettront un terme à ce concert fort réussi à mon goût – mais pas celui de tout le monde, d’après ce que j’ai entendu en sortant, y’en a qui ont trouvé ça chiant et d’autres qui ont trouvé que c’était du vol parce qu’une heure trente de concert c’est trop court; sauf qu’en ajoutant la première partie, ça faisait deux heures trente.
Le Zénith – Chez moi: 28 minutes de Velib’. Sous la pluie. Et un coup de chance phénoménal, un mec qui prend un vélo à ma station (pleine, comme d’hab) pile quand j’arrive.