Conflits d’intérêts
Piochés dans Le Canard Enchaîné de cette semaine, deux cas avèrés de foutage de gueule.
Le premier concerne la création d’un site d’enfouissement de déchets nucléaires par l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (Andra). Une analyse critique indépendante commandée par le « Comité local d’information et de suivi » du site concernant le projet a conclu à l’existence de nombreuses failles concernant notamment une « évaluation des risques sismiques sérieusement déficiente » ou l’absence de gestion du « risque d’une intrusion humaine accidentelle ou délibérée » ce qui, pour un site d’enfouissement de matériau radioactif, semble relever de la plus élémentaire des priorités. Ce rapport a été purement et simplement passé à la trappe. A la Cour des Comptes, on a sa petite idée sur la question : Les intérêts économiques ne sont pas minces. Les grands du béton salivent, car la réalisation de l’infrastructure de stockage représente un pactole de 10 à 30 milliards d’Euros. Quant aux industriels du nucléaire (…) ils rêvent de voir enfin une solution au casse-tête des déchets officiellement validée. (…) Comme le remarque perfidement la Cour des Comptes, le conseil d’administration de l’Andra, qui est chargée de donner un avis scientifique éclairé, est composé, pour l’essentiel, de représentants des producteurs de déchets. Pas étonnant que les analyses critiques finissent à la poubelle, enfouies à grande profondeur…
Second exemple, cette fois-ci avec nos amis les producteurs d’Organismes Génétiquement Modifiés. L’Agence Européenne pour la Sécurité Alimentaire (AESA) se devrait, vu son nom, d’oeuvrer pour la sécurité alimentaire des citoyens européens, non ? Sauf que dès qu’il s’agit d’autoriser l’importation d’OGM, cette agence se transforme en machine à délivrer des avis favorables. Parmi les douze derniers avis de l’Agence, un seul, qui concerne un maïs transgénique de Monsanto, s’est permis de demander une étude de 90 jours chez le rat pour comprendre pourquoi certains d’entre eux nourris au « MON 863 » présentait des malformations des reins. Effectivement, une étude n’est pas du luxe ! Sur la vingtaine de membres du comité OGM de l’agence, neuf sont épinglés pour leurs liaisons dangereuses: untel a des parts dans une société de biotechnologie; un autre a été coprésident du 7ème Congrès international sur la biologie moléculaire végétale sponsorisé par Bayer, Monsanto et DuPont, tel autre a fait partie du comité directeur de la Conférence internationale sur la biotechnologie agricole, un raout soutenu par BASF, DuPont, Bayer… Un autre encore a tourné dans des films promotionnels produits par Aventis, BASF, Dow, Monsanto, DuPont et Syngenta. Le pompon revenant au président et à quatre autres membres qui ont participé à un projet baptisé « Entransfood » dont le but officiel était de « faciliter la mise sur le marché » des OGM en Europe ! C’est sans doute ça, l’éthique transgénique. Et bien évidemment, la pensée capitaliste ne trouve rien à y redire.