Alors que j’arpentais les rayons de la Fédération Nationale d’Achat des Cadres sise au Forum des Halles, Paris 1er, il me prit l’envie de compléter ma collection d’albums de Nine Inch Nails, comme ça youp la boum, parce que fidèle à ma philosophie première quand j’aime un disque / un film / une série je l’achète quand bien même je l’aurais criminellement téléchargé au préalable et si tout le monde faisait ça le Monde ne s’en porterait pas plus mal.

Je furette donc jusqu’à trouver où les albums de NIN sont planqués, le premier sur lequel je tombe est l’édition CD+DVD de The Slip, parfait, celui-là je l’avais téléchargé puisque Reznor l’a mis à disposition gratuitement, je retourne la galette pour voir le prix et là il me tombe dessus comme une enclume sur Will le Coyote: 27,50 €. Trouvant ça un peu cher pour un album qu’on a gratos et légalement sur le net, et même s’il y a un DVD bonus inclus, je le repose sur l’étagère et là mon oeil accroche The Fragile, 25 € et des bananes, okay c’est un double album mais bordel faudrait pas pousser non plus, et là YearZeroRemixed combien ? Ah bin 31 €, royal. Finalement je quitte la Fnac les mains vides parce que me faire payer un CD au double du prix que je suis prêt à mettre pour un DVD ne me donne pas tellement envie d’être honnête.

Une fois rentré chez moi un petit détour sur mon site de gaspillage d’argent habituel, je trouve les exactes mêmes éditions de The Fragile et The Slip pour 14,50 € chacune, n’en jetez plus et voilà, deux albums commandés online pour le prix d’un seul en magasin, merci la Fnac, c’est sûr qu’à force de pratiquer des tarifs pareils je comprends que les ventes de disques s’effondrent.

Honnête oui, mais pas pigeon.

(Titre de post emprunté à Eric Naulleau)

Je n’en pensais pas grand’chose auparavant, lui dont je connaissais à peine l’existence, si ce n’est que je le soupçonnais vaguement d’être un émule de Marc Lévy, ce qui n’est évidemment pas un compliment: un écrivain spécialiste en histoires romantiques surmédiatisé dont le talent dépasse à peine celui d’un collégien, mais qui donne l’impression à la pétasse moyenne d’être une littéraire vu qu’elle s’est envoyé tous ses romans en quelques semaines (entre deux volumes de Twilight, best seller puritain oeuvre d’une mormonne créationniste, pour situer le niveau).

Et voilà qu’il s’est répandu en publicités dans le métro pour son dernier ouvrage, posant en digne Balladurien les mains dans les poches de son pantalon “sport” pour faire jeune, le petit col de chemise ouvert et le pull noué autour du cou quand il n’est pas, ô suprême audace, simplement posé sur ses épaules. Avoir trente-cinq ans mais en faire soixante-dix, c’est tout un sacerdoce en même temps qu’un plan médias. Et là quelque part alors que je regardais cette pub sans trop y croire, il m’est apparu comme évident que ce type devait vendre, que forcément ses bouquins devaient avoir du succès, le bien culturel n’étant plus qu’un vulgaire produit de consommation de masse que l’on choisit prédigéré afin d’encore plus rapidement le jeter.

Je ne m’étais pas trompé: Guillaume Musso est actuellement le deuxième auteur le plus vendu en France (je vous laisse deviner qui est le premier) et ses livres, traduits dans une trentaine de langues, font tous ou presque l’objet d’adaptations cinématographiques.

Bordel, mais moi quand je vois ça:

Et quand je lis les titres des bouquins:

• Et après…
• Sauve-moi
• Seras-tu là ?
• Parce que je t’aime
• Je reviens te chercher
• Que serais-je sans toi ?

J’ai surtout envie de me barrer en courant. Et qu’on ne vienne pas me dire “tu peux pas savoir si c’est mauvais tant que t’en as pas lu un” on m’a déjà fait le coup pour Da Vinci Code.

Ça a plutôt bien commencé avec des Caipirinhas à l’UFO puis une bonne pizza Australienne de chez Domino’s, pour se confirmer avec deux doubles Pina Coladas au Sancerre, ensuite le Ti’Punch du Rendez-Vous des Amis m’a un peu attaqué la tronche tant et si bien qu’il me faut un demi de bière pour me rafraîchir, manque de bol c’est la fermeture, alors prendre un Velib’ à Abbesses bonne idée il suffit de se laisser porter dans la descente surtout qu’il commence à pleuvoir sauf que l’unique vélo disponible est légèrement désolidarisé de son guidon, chose dont évidemment on ne se rend compte que quand on a déjà payé et qu’on veut retirer le vélo, donc je descends jusqu’à Anvers et là coup de bol le N01 arrive, évidemment tant de bonheur ne pouvait durer puisque le bus s’arrète à Gare de l’Est, je me dis que trouver un taxi ne devrait pas être dur à côté d’une gare mais en fait ils sont tous pris, et alors que la pluie redouble de violence et que j’arrive à République en désespoir de cause je reprends un Velib’, je pédale gaiement en écoutant Rated R des Queens of the Stone Age et arrivé en bas de ma rue c’est le drame, plus une seule place de libre, je vais rue Paul Bert pas de place non plus, rue Léon Frot pas de place, rue de la Roquette pas de place, derrière la mairie du 11ème pas de place, finalement je vais jusqu’à la rue du Chemin Vert après 20 minutes à tourner sous la pluie, 10 minutes de bonus à pied, là quand même je me dis que le Rendez-Vous des Amis c’est vraiment, vraiment trop loin de chez moi.

Une pauvre dame est poursuivie pour avoir écrit “Hou la menteuse” au sujet de Nadine Morano sur Dailymotion. Devedjian peut traiter Comparini de salope, Sarkozy peut balancer impunément casse-toi pauvre con, Copé peut comparer des militants socialistes à des cloportes, mais dire de Morano “Hou la menteuse” là non, ça ne passe pas, attention.

Je n’ose imaginer ce que je risque si elle tombe sur ce blog.

Depuis que je tiens ce blog je déplore régulièrement le travail consternant de certains représentants les plus lamentables de la presse française. Je n’irai pas jusqu’à dire que je considère les blogueurs comme un contre-pouvoir nécessaire aux journalistes “établis” et encartés, mais force est de reconnaître que la plupart des journalistes “spécialistes” d’un domaine donné se font souvent ridiculiser par des blogueurs, ceux spécialisés en informatique ou en IT en premier lieu, Joël Morio si vous me lisez, votre incompétence crasse me fait pleurer.

Mais bien évidemment, la course au scoop ne pouvait épargner le média et le phénomène récent du “buzz” (vous savez, ce mot sur lequel je fais caca tous les matins) est l’une des conséquences les plus catastrophiques de la monétisation des blogs et de leur envahissement publicitaire. Pour attirer le chaland et faire du clic (et donc fidéliser les annonceurs) il faut être le premier sur les sujets qui vont faire parler. Il faut diffuser le plus vite possible un maximum de vidéos virales même lorsqu’elles sont nulles à chialer. Il faut poster tout et n’importe quoi en dépit du bon sens sans jamais réfléchir à la pertinence de son contenu.

Aussi lorsqu’il y a quelques jours est apparue sur un forum PHP quelconque cette histoire de facteur qui ouvre un colis et se filme accidentellement avec une caméra-espion, et alors que les vidéos du suspect ont commencé à se propager (sans l’accord du posteur initial qui les avait juste proposées temporairement histoire de prouver sa bonne foi) sur les sites de streaming, un ami m’a demandé pourquoi je ne bloguais pas sur le sujet. Je lui ai répondu qu’une masse de blogohype 2.0 estampillée “geek” s’en chargerait et que je n’avais aucun intérêt à le faire. Évidemment, ça n’a pas loupé, ils se sont jetés sur l’occase.

Korben, PapyGeek, RGK, iNetSky, BeFaure, l’affaire a été propagée sur Facebook et HFR, elle est arrivée sur un forum fréquenté par des employés de La Poste, et puisque le bouquet de l’Internet ne serait pas complet sans sa putride fange, sur Zataz et sur… LePost. Les posts sont clairs, le gars sur la vidéo est un facteur, preuve à l’appui: il est dans une voiture jaune. Et les commentaires ne se privent pas pour copieusement chier sur La Poste, entité indivisible évidemment composée d’une armée de voleurs.

Quinze jours plus tard, il n’y a toujours aucune news probante sur le forum initial. Aucune preuve que le type effectivement filmé est un employé de La Poste. Aucune info sur un éventuel résultat d’enquète. On apprend juste que le posteur initial est allé contacter la Police et a surtout eu peur que la large diffusion des vidéos, dont se sont rendus coupables la majorité des zozos cités plus hauts, ne lui porte préjudice au cas où le type filmé se reconnaisse et porte plainte. Il est plus que probable que l’on n’ait jamais le fin mot de l’histoire, et une seule chose est sûre: nos buzzers compulsifs n’en parleront de toute façon pas. Faire preuve de modération, de recul, et réfléchir avant de diffuser n’importe quoi, ça ne fait pas vendre.

Il y a quelques mois, j’avais décidé d’installer un Windows XP SP3 (tout ce qu’il y a de plus valide, avec une licence officielle et tout) sur un vieux disque dur qui traînait histoire de pouvoir profiter à pleine vitesse (comprendre: sans Wine) des quelques jeux du moment capables d’encore tourner sur mon PC vieillissant.

J’avais joué un peu, et puis lassé de quelques plantages et reboots intempestifs en cours de partie (et surtout suite à l’achat d’une Xbox 360) je n’avais pas rejoué sur PC depuis décembre dernier. J’ai donc décidé de m’y remettre un peu, j’avais une vieille partie de Half-Life sur le feu et puis plein d’achievements de retard à Team Fortress 2.

Le moindre jeu faisant rebooter la machine au bout de 10 minutes, je décidai de googler un peu le problème histoire de comprendre. Je lis qu’il faut désactiver le reboot automatique en cas d’erreur: il semblerait en effet que XP soit un peu tatillon et que le premier truc le démangeant provoque un reboot. Diantre me dis-je, je suis la doc et je désactive le reboot automatique, puis relance Half-Life. La sentence ne fut que plus brutale: écran bleu. Oui oui, un bon vieux BSOD, dont je pensais ne jamais revoir la couleur, affublé d’un MULTIPLE_IRP_COMPLETE_REQUEST (que j’aime la clarté des messages d’erreur de Windows…), bien comme il faut. Bizarre, je redémarre le PC, et je lance Warcraft 3. Une quinzaine de minutes plus tard, boum, BSOD.

Je google donc. Les trois premières réponses sont affligeantes (« say sûrement un virus !!!1!!1!! olol »), et puis au détour d’un forum j’apprends que ceci peut être provoqué par un conflit de drivers. Allons bon c’est pas comme s’il y avait grand-chose d’installé sur cette machine… voyons comment résoudre le truc. Ah bin la solution la plus simple, c’est « formate et réinstalle », MAIS QUELLE SURPRISE.

Ne voulant pas me prendre la tête, je suis le conseil au mot: je formate (oubliant au passage que ma progression à Half-Life n’est pas sauvegardée sur un serveur: tout à refaire, bien joué) et je réinstalle. Une fois l’install de Windows terminée je fais bien attention de n’installer que l’essentiel: les drivers SATA, les drivers nVidia, les drivers nForce, les drivers SB Live. J’installe Steam, je retélécharge Half-Life 2, World of Goo et Team Fortress 2, et là alors que mon PC a tourné toute la journée sans problème je me dis “tiens, un petit TF2, ça fait longtemps…” et alors que je suis encore dans les options à configurer mes touches, mon ami MULTIPLE_IRP_COMPLETE_REQUEST est de retour avec son écran bleu de bon aloi sur un XP vieux de 48 heures quasiment pas utilisé. Il va sans dire que le même PC fait tourner sans broncher une Debian depuis plus de 3 ans. Retour à Wine, mais la mort dans l’âme: mon CPU vieillissant me prive d’une bonne dizaine d’images par seconde…

Alors s’il-vous-plaît Valve par pitié, sortez vos jeux en natif sous Linux. Au moins sous ce dernier quand un truc plante on trouve une solution en trente secondes et elle est un peu moins con que “formate et réinstalle”. Dire que XP est supposé être le Windows le moins pire, je n’ose vraiment pas imaginer ce que peut donner Vista…

Hier, je vous entretenais d’un vidéoclip dont le but manifeste était de générer un buzz (Dieu que je hais ce mot) autour d’un morceau de musique en tout point calamiteux.

Comme il fallait s’y attendre, en bons petits drones nos amis les “blogueurs influents” ont bien fait leur travail. Ainsi, Pingoo, l’un des meilleurs représentants de ce qu’il peut se faire de pire, relaye la vidéo en la postant directement sur son blog, oh il y va bien de son petit commentaire, puisque je cite: « Bon c’est pas passionnant non plus vous allez me dire, mais pourquoi pas hein, faut bien faire buzzer :). »

JE SAIS QUE JE FAIS PASSER DE LA DAUBE, MAIS JE FAIS PASSER QUAND MÊME HEIN, FAUT BIEN FAIRE BUZZER, FAUT BIEN QUE J’AIE MES CLICS QUOTIDIENS SUR MES PUBS, AH AH AH QUE C’EST BON DE PROPAGER DE LA MERDE.

Tiens, j’ai vomi.

Non, toujours pas de lien, faut pas pousser non plus.

C’est le dernier clip à la mode, le morceau Baby baby baby du duo de DJs Parisiens Make the Girl Dance. Electro-rock, à ce qu’il paraît. A vrai dire le morceau en lui-même est d’une pauvreté qui fait peur, les paroles sont indigentes, musicalement c’est tout ce qu’il y a de plus quelconque, mais ah ! forcément, puisqu’il faut bien attirer le chaland et créer ce que les blogueurs que je vomis appellent un buzz, on va vous fourguer une vidéo avec des filles nues paradant dans la rue Montorgueil.

C’est tout ? Oui, c’est tout, et c’est le seul intérêt de la vidéo. Coupez le son, c’est juste insupportable à écouter.

Mais si vous avez le malheur de le dire dans les commentaires de la vidéo, là, non, on va vous faire fermer la gueule et supprimer votre commentaire.

Et si vous commentez à nouveau pour signaler qu’on vient de vous censurer parce que vous dénonciez cette malheureuse tentative de buzz, on vous supprime votre commentaire de nouveau.

Alors je ne vais pas non plus leur faire l’aumône d’un lien, si vous êtes en manque de meufs nues vous trouverez tous seuls le clip sur Google. Mais ne rêvez pas, y’a des rectangles noirs aux endroits intéressants, alors puisque vous êtes déjà sur Google vous pouvez déjà trouver bien mieux.