Flotte en Seine, acte 1
Il est près de deux heures du matin, j’écris ce post depuis le navigateur de la PS3 qui m’a déjà fait planter la console à deux reprises ce soir, je rentre de Rock en Seine, je suis crevé et cette première journée de festival était placée sous le signe de l’étrange et de l’humour, so: don’t make me chier.
Pourtout tout avait plutôt bien démarré avec un temps d’attente record d’environ cinq secondes et vingt-trois centièmes pour passer la sécurité et récupérer le précieux bracelet trois jours. Forcément comparé aux trois bons quarts d’heure de Solidays fin juin, on sent la différence. Première fausse blague la météo qui alternera entre beau soleil et averses costaudes, les prévisions pour le week-end ont complètement changé par rapport à ce matin, on nous annonce un temps de chiotte pour les trois jours du festival, youpi. Je rejoins les amis Netsabes et Sushi qui me disent s’être ennuyés devant Foals dont je n’entends que la fin du set, de loin, Fred se joint à nous quelques minutes plus tard ainsi que le camarade Gérald qui signera la meilleure vanne de la journée: “Dîtes donc, Eels, Underworld, Skunk Anansie, Massive Attack, Cypress Hill, Blink 182… Les soirées ‘We are the 90s’ ont tellement de succès qu’ils en ont fait un festival !”
Nous sommes devant les québecois de Beast et pas grand chose à dire si ce n’est que c’est pas mal. Alors forcément, le programme qui les compare à RATM, Portishead et Gorillaz raconte n’importe quoi, ce sera l’objet de nombreuses vannes, mais finalement le groupe s’en sort bien et c’est loin d’être désagréable à suivre. Nous filons voir The Kooks que je connaissais vaguement de nom, en fait il s’avère que je connaissais aussi leur titre le plus célèbre, sauf que leur britpop “plus fascinante que futile” et “sur les traces de Blur ou de Supergrass” (je cite) se contente surtout de faire les poubelles de ces deux groupes, n’est strictement d’aucune originalité et fait ce que tous les groupes de britpop font depuis 40 ans, à savoir plagier les Beatles. C’est du déjà entendu/vu mille fois, et on peut tromper mille fois une personne, mais on ne peut pas tromper mille… non c’est pas ça. On peut tromper une fois mille personnes, mais…
Direction la grande scène pour Cypress Hill qui d’après le programme “a fait entrer le rock dans le monde du hip-hop: sur scène, basse, guitare et batterie sont alliées aux platines”, promettant une véritable “fusion des genres sur fond de rock bien viril”. Sauf que les pépés du rap californien se contentent du strict minimum pour leur set, aucun instrument à cordes à l’horizon, il y a bien quelques percus et une platine, mais pour le reste c’est tout, ça enchaîne les morceaux à tel point que le profane a l’impression que ça ne s’arrête jamais, et pour peu que l’on ne soit pas plus fan que ça on a déjà sa dose au bout de vingt minutes (de toute façon les quelques morceaux un peu connus ils les ont joués). Nets et moi allons donc voir French Cowboy, formation composée d’anciens des Little Rabbits, moui c’est bien mou tout ça. Reprise de “The wall” de Pink Floyd sans grande inspiration, nous préférons fuir en direction de Black Rebel Motorcycle Club qui, après un début de set prometteur, s’enfonce à n’en plus finir dans une atmosphère profondément ennuyeuse… jusqu’au dernier quart d’heure, enfin énergique, et qui réveille le public déjà amorphe après une demi-journée de festival. Je pars manger et rate volontairement le début du set de Blink 182 dont je me fous complètement puisque dans ma jeunesse, j’ai connu NoFX, Pennywise et Green Day, finalement après manger histoire de ne pas mourir idiot je vais voir ce que ça donne sur scène, Travis Barker, le batteur, et accessoirement le seul bon musicien du groupe, fait un petit solo, et puis le chanteur se lance dans une série de blagues d’un niveau qui ferait carrément honte à Guy Montagné et toute l’équipe des Grosses Têtes: “I went to the museum this afternoon… It was very disturbing ! It was called Musée du Lube ! Very disturbing ! Musée du Lube !” – une vanne qui peut à la rigueur passer en fin de soirée entre potes bourrés à l’université, vachement moins quand on est un quarantenaire qui se prend pour une rock star qui se prend pour un skater. Finalement après “What’s my age again” qui restera le seul morceau que je trouve tolérable du groupe, je me tire voir ce que donne Deadmau5 dont je n’avais jamais entendu parler, eh bin c’est pas mal, il faut aimer la minimal techno et la house un peu progressive, mais ça passe et ça fait un peu remuer du cul. Et puis c’est une sorte d’apéro pour le final de la soirée.
J’avoue que je me demande un peu ce qui est passé dans la tête des organisateurs.
– Eh les mecs, les années précédentes on a été super forts pour inviter des groupes disparus que tout le monde ou presque a oubliés, mais qui avaient quand même eu 2-3 succès à leur actif… Alors okay, Jesus and Mary Chain c’était chiant, Nada Surf tout le monde s’est tiré après “Popular” et Faithless pareil après “Insomnia”, mais quand même, c’est pas mal de rameuter des groupes comme ça, les gens ont l’impression que c’est super célèbre et ça te remplit une programmation à peu de frais !”
– C’est pas mal ça comme idée ! Tiens je pensais à ce groupe de techno minimale anglais qui avait eu un petit succès avec un morceau qui était dans la B.O. de Trainspotting…”
– Babylon Zoo ?”
– Mais non tu confonds tout, eux c’était une pub Levis. Le morceau dont je te parle il a aussi servi dans une pub Mennen… Et tout le monde se souvient du début parce que de toute façon la suite c’est de la minimale allemande façon Techno Parade.”
– Ah ouais, Underworld !”
– Voiiiiilà !”
Et donc le concert de Underworld commence, on se dit qu’on va être dans une ambiance sympa en étant tout devant, mais les mecs ne sont pas cons et ne commencent pas avec “Born Slippy”, le fameux (et unique) morceau super connu du groupe, le chanteur porte une marinière et un jean slim, un spot rose l’illumine, il remue son bassin de façon explicite sur les coups de boutoir sourds du beat, ce n’est pas la Techno Parade, c’est la gay pride, c’est le concert le plus gay qu’il m’ait été donné de voir, et puis musicalement c’est la catastrophe, si je devais résumer le concert je le ferais en employant cette retranscription de Sushi “Poum poum poum poum poum poum poum poum poum poum poum poum poum break attention ça reprend poum poum poum poum poum poum poum” le problème de la minimale, c’est que pour peu que le groupe soit un peu feignant il peut faire du play-back tranquillou, et d’ailleurs c’est ce qu’ils font, à un moment le chanteur prend une guitare et fait clairement semblant d’en jouer, c’est ridicule, alors on se marre en hurlant POUM POUM POUM POUM mais ils ne jouent toujours pas Born Slippy, on repart au bar en écoutant les POUM POUM POUM POUM de loin, puis on revient voir mais toujours ces foutus POUM POUM POUM POUM, pas l’ombre d’un effort mélodique, pas le moindre break un peu impromptu, tout ceci est affreusement prévisible, je me dis que je faisais la même chose avec RealTracker au lycée, et là c’est foutu j’ai l’impression d’être au concert d’un mec qui diffuserait un mod Amiga.
Alors que nous prenons la poudre d’escampette, nous entendons Born Slippy, enfin, ultime morceau d’un set qui nous aura bien fait rire à défaut de nous proposer de la musique. Cette première journée fut donc assez étrange, avec une bonne surprise, pas mal de déceptions, et beaucoup d’espoirs pour celle de demain qui cristallise bien 80% des groupes que je veux voir à ce festival… Stay tuned.
Le navigateur de la PS3 n’aime pas DU TOUT l’autosave des drafts de WordPress. Il m’a vidé ma fenêtre d’édition. Quand je rouvre le draft, il m’a niqué tous mes accents. Chouette !