Meet the fuckers (ceci n’est pas un titre de film)
Même si vous n’aimez pas le foot et avez essayé de rester le moins informé possible durant la dernière Coupe du Monde, vous avez difficilement pu échapper à ce scoop: l’équipe de France a été ridicule, tant sur le terrain qu’en dehors, se prenant des décullotées pendant le jeu pour finalement se mettre en grève à l’entraînement. Le sketch a été poussé à son paroxysme lorsque Nicolas Anelka, connu pour ne strictement jamais rien branler lorsqu’il joue en équipe nationale, aurait insulté le sélectionneur Raymond Domenech en des termes sympathiques.
C’est au détour d’un article intitulé « Henry et Anelka s’accrochent à leur prime du Mondial » que Le Monde nous informe que les deux joueurs ont décidé, contrairement à leurs camarades, de refuser d’abandonner la prime qui devait leur être accordée par la Fédération Française de Football.
Revoyons ensemble la définition du mot prime: « Somme versée par un employeur à un salarié à titre exceptionnel, en guise de récompense pour un travail de qualité, ou à tous les salariés pour les encourager ou pour saluer une étape dans la vie de l’entreprise. » Nul doute que la prestation des deux joueurs colle parfaitement à cette définition.
Mais il y a plus intéressant encore: « La renonciation à ces primes doit toutefois être relativisée, tempère [Libération]. En effet, “les sommes en jeu – de 130 000 à 150 000 euros selon les cas, soit moins d’un demi-mois de salaire – [sont] dérisoires à l’échelle des fortunes amassées par les deux joueurs au fil des années”. »
Je ne comprends pas bien en quoi c’est supposé tempérer quoi que ce soit. C’est même pire encore: on aurait presque envie de les plaindre ces pauvres bougres qui doivent renoncer aux plus de 96 SMICs que représente leur prime si méritée… s’ils n’en gagnaient pas déjà le double par mois.
Quelle indécence.
Addendum: Nicolas Anelka vient de s’exprimer sur le sujet.
“Par conséquent et pour m’assurer de la véritable utilisation de cette somme, j’ai décidé de la reverser moi-même et à parts égales vers le football amateur, une association tournée vers les jeunes et une œuvre sociale, ce football amateur qui, à mes yeux, mérite mieux que le traitement qui lui est infligé par ceux qui le gouvernent”, détaille-t-il. “Il semble important pour certaines personnes de me faire passer pour un ‘mauvais garçon’, je vais donc leur faire plaisir en ne laissant personne me dicter la conduite à tenir sur l’utilisation de ces primes”, conclut-t-il.
Il ne reste plus qu’à patienter pour voir s’il tient parole.
Addendum 2: ce que je trouve assez intéressant dans cette affaire, c’est qu’une fois de plus un journal (en l’occurence Libération) a reproduit les propos d’un membre de la FFF sans jamais chercher à contacter les deux joueurs incriminés et en n’usant d’aucun conditionnel quant au comportement des deux joueurs. L’article a été repris par l’intégralité de la presse qui n’a, semble-t’il, pas plus fait l’effort de contacter les joueurs (quand elle le fait, elle le signale). Quand on vous assène que la différence entre un blogueur et un vrai journaliste encarté c’était que ce dernier vérifiait ses sources, n’en croyez rien, il ne le fait pas plus. Ah, et avant qu’on me le reproche: non, je n’ai pas cherché à contacter les joueurs non plus, je suis blogueur, j’ai fait confiance au professionel qui écrit dans Le Monde et qui dit vérifier ses sources. Grave erreur que la mienne.