Au bout d’une bonne centaine d’épisodes au minimum, les cadreurs du Miracle de l’Amour en ont eu un peu marre de stagner dans cette réplique de maison ornée d’une reproduction de statue grecque du plus mauvais goût. Réunis en syndicat ils sont allés militer auprès de Jean-Luc Azoulay: « Ras-le-bol de la Plaine-Saint-Denis, avec tous les Emmy Awards que les séries AB ont raflé au fur et à mesure des années, on veut du soleil, des cocotiers, du sable fin, des transats, de la coke, et des putes ! »
Jean-Luc qui est un homme généreux entend la complainte de ses salariés mais après l’échec des “Garçons de la plage” il ne sait que trop bien qu’une comédie tournée sur un lieu de vacances aux décors paradisiaques donne plus envie de glander que de se casser la nénette. Il prend donc une décision d’importance: les Vacances de l’Amour sera une série dramatique, avec des épisodes à la limite du thriller, on arrète les rires en boîte et les blagues dignes d’un recueil Carambar, on donne dans le sérieux en 52 minutes que même Julie Lescaut elle va en faire dans sa culotte.
Notre troupe s’envole donc pour “Love Island”, île paradisiaque sur laquelle le sémillant Patrick Puydebat s’est installé pour oublier cette salope d’Hélène qui, si les GSM avaient existé à l’époque, l’aurait largué par SMS. Allez savoir comment ils trouvent tous super facilement un boulot, preuve que le plein emploi est une réalité dans certains coins de la planète. Malheureusement un étonnant contrepoids karmique fait qu’ils sont sans arrêt la cible de gangsters, tueurs, traficants de drogue et autres preneurs d’otages. Revenons un instant sur un des épisodes qui m’a à ce jour le plus marqué, parce que c’était vraiment fantastique de tension et d’intensité.
Johanna est revenue dans la bande (Rochelle Redfield avait probablement des impôts à payer) et fricote désormais avec José, mais Bénédicte s’en fout elle a un autre mec. Tout se passe tellement bien pour les deux tourtereaux que Johanna tombe enceinte de José qui prend son rôle de futur père très au sérieux (comprendre: Philippe Vasseur en fait des tonnes). Manque de chance un dangereux truand prend en otage Laly (pauvre de lui) et Johanna (le salaud) puis s’enfuit avec elles en voiture. Pendant ce temps, Hélène, qui elle aussi est revenue et fait n’importe quoi à commencer par se trouver des boulots ridicules, se fait draguer par son collègue chauffeur de taxi qui ressemble à un pakistanais mais parle surtout comme un débile profond: on n’évitera aucun cliché dans cette série, aucun. Elle lui mettra un rateau en bonne et due forme mais en fait on s’en fout, elle ne sert à rien de toute façon Hélène.
L’héroïque Patrick Puydebat, apprenant que Laly et Johanna sont en danger, improvise un plan de sauvetage: ni une ni deux il passe de Madame Javel Dose à sa jeep et fonce sur une petite route afin de tendre un piège au preneur d’otage. Il tend donc un cable en métal entre sa jeep et un arbre, un plan sans aucun défaut puisqu’il est évident que:
– le criminel va forcément passer par là, il n’y a aucune autre route à Love Island
– aucune autre voiture ne va passer par là avant, il y a beaucoup d’autres routes à Love Island
– le véhicule du criminel lancé à 90km/h sera stoppé net sans bavures par un cable métallique tendu entre un arbre et une jeep
– les deux otages vont forcément se sortir indemnes d’une telle cascade
Finalement au bout de plusieurs minutes d’attentes pendant lesquelles il aurait pu remettre une Dose à madame Javel, il apprend qu’il a bien perdu son temps vu que le preneur d’otages ne passera pas par là: il a tiré sur Johanna laquelle va perdre son bébé et devenir stérile, ce qui rend José fou de rage (comprendre: Philippe Vasseur en fait des tonnes). Mais tout sera bien qui finit bien vu qu’il va terminer avec Bénédicte et que Johanna retrouvera son Cri-Cri d’amour. On l’avait déjà vu avec Hélène et les Garçons, c’est vraiment la tournante dans ce groupe de potes, tout le monde a couché avec tout le monde et termine finalement avec son meilleur coup. J’aimerais bien la même chose dans la vie réelle mais sans les prises d’otages et les traficants de drogue SVP.
Critique initialement publiée sur SensCritique.