Allo ? Restos

Dans la catégorie: Misc — kwyxz le 22/02/12 à 18:29

Traditionnellement, quand j’entends “Restos du Cœur”, je pense à Coluche.

Coluche, le mec qui un jour en a eu marre d’en voir d’autres crever la dalle dans la rue, et qui s’est dit que ce serait bien de leur filer un coup de main. Le mec qui serait probablement consterné de voir, tant d’années après leur création, des Restos toujours plus remplis chaque année. Énervé de voir un Président de la République en exercice, qui n’a eu de cesse de créer de nouveaux pauvres, visiter un des Restos et déclarer, avec le ton compassionnel du type qui n’en a rien à foutre, à quel point le boulot que les bénévoles y font est formidable.

Et c’est vrai : le boulot qu’ils font est formidable. Le vrai malheur, c’est que pour les gouvernements successifs les Restos sont une excuse facile pour ne pas trop donner dans le social. Pourquoi s’en donner la peine ? Les Restos s’occuperont des démunis. L’État qui protège, c’est surtout pour les potes du Président.

Puisque cette année la simple rédaction d’une note de blog est synonyme de dix repas offerts, voici : si cette initiative est un succès, avec un peu de chance, l’an prochain on n’aura pas à se voir infliger un concert ou un disque des Enfoirés. Et rien que pour ça, ça vaut le coup.

Tout doit disparaître

Dans la catégorie: Misc — kwyxz le 7/02/12 à 1:08

Oyez, oyez. Je vends les meubles IKEA suivants plus rien, merci à tous pour les retweets !

Une table basse Ramvik à 50€ en très bon état vendue à Trolol

Ramvik

Un meuble TV dont le nom m’échappe à 20€ en bon état adjugé à XiBe

Meuble TV

Un futon Massum à 30€ en bon état (quelques taches sur la housse) vendu à Marie

Et puis le prix reste négociable… Remise en mains propres sur Paris, attention le Ramvik pèse son poids. Photos évidemment non contractuelles mais globalement ça ressemble fort à ça.

Coûte que coûte

Dans la catégorie: Humeur — kwyxz le 29/01/12 à 15:32

L’émission commence par un jingle sur fond de musique classique tout droit tiré des années 80. Philippe, le médecin, et Margarete la psychothérapeute sont « À votre écoute, coûte que coûte » et animent une émission de conseils aux auditeurs dans la droite lignée de ceux de Ménie Grégoire ou même d’Anne-Marie Peysson et Alain Krauss dans « Les auditeurs ont la parole ».

Seulement voilà, Philippe et Margarete sont tous les deux des cathos coincés, réacs, homophobes, xénophobes et leurs « conseils » bas du front ne valent pas tripette, la discussion se terminant généralement par un raccrochage au nez dans les règles de l’art, parfois par les deux médecins à court d’arguments, souvent par l’auditeur furieux. Diffusée depuis seulement deux semaines par France Inter, « À votre écoute, coûte que coûte » provoque la fureur d’une partie de ses auditeurs, scandalisés des propos tenus. Et, si l’émission était véridique, il y aurait de quoi.

Sauf que ce programme, d’une durée d’environ 6 minutes, est un canular, une émission de divertissement et d’humour grinçant qui personnellement me fait pleurer de rire. Les deux animateurs et leurs auditeurs sont tous des acteurs (la rumeur fait courir les noms de Zabou Breitman et Laurent Laffite dans le rôle des deux médecins) et le but avoué est bien de moquer ces deux escrocs, médecins de pacotille aux conseils douteux et aux réactions bancales, tout en pointant du doigt leur discours façon café du commerce.

Le résultat ? Un joli bordel. Certains adorent, vantent le ton décalé et louent le courage d’Inter. D’autres sont purement scandalisés, certains parce qu’ils ne trouvent pas ça drôle, d’autres parce qu’ils pensent le programme sérieux. Suite à un épisode où les deux médecins tancent un auditeur homosexuel, Act-Up Paris, reconnaissant qu’il s’agit d’un canular, se fend néammoins d’une lettre ouverte reprochant à Inter de contenter aussi les homophobes.

Si l’humour peut ne pas être partagé par tous et s’il est tout à fait autorisé, compréhensible et acceptable de ne pas trouver le programme drôle, « À votre écoute coûte que coûte » met en relief des problèmes que j’estime néammoins graves et révélateurs de notre société actuelle.

Oui, il est gravissime que l’on puisse écouter cette émission et ne pas comprendre qu’il s’agit d’un canular, parfois après plusieurs épisodes. Les emails scandalisés reçus par Inter, les commentaires déposés sur le site de la radio ou sur les différents articles parlant de l’émission montrent que des centaines d’auditeurs prennent les deux intervenants au sérieux. Mais comment en est-on arrivé là ? Comment une part de la population peut-elle ne pas déceler l’humour derrière ces propos scandaleux ? Peut-être tout simplement parce que des propos de ce genre se retrouvent de plus en plus dans la presse, proférés par des types pas du tout ironiques, eux, et dont l’émission veut montrer la bêtise.

Oui, il est révélateur qu’Act-Up monte au créneau en expliquant que les propos des deux faux médecins sont tellement proches de ceux entendus tous les jours par homos / lesbiennes / bi / trans qu’ils ne sont pas de vraies caricatures et donc perdent leur caractère comique. Mais accuser la radio de faire le lit des homophobes, c’est à mon sens se tromper de combat. C’est reprocher à Desproges (évidemment souvent cité dans le débat actuel) de faire plaisir aux antisémites lorsqu’il racontait des blagues sur les juifs pendant ses spectacles. Parmi les commentaires reçus par le magazine Têtu sur son site web suite à leur article « La nouvelle émission de France Inter est-elle allée trop loin ? » celui de Cedric799 résume parfaitement la chose : « C’est un programme où toutes les communautés en prennent pour leur grade ; et c’est salutaire de proposer un humour grinçant et politiquement incorrect sur une antenne de service public dont les valeurs sont exactement à l’opposé, c’est à dire la tolérance, le respect de l’autre, la culture et l’intelligence. (…) Je pense justement que la culture et l’intelligence, la vraie, pas celle basée sur des idées reçues, sont les meilleures armes contre l’homophobie, et France Inter est une radio culturelle qui aime et respecte toutes les identités, et les met en avant. (…) Il est nécessaire de ne pas toujours parler d’homosexualité avec gravité ou avec des stéréotypes ; cet humour, qui prend les traits d’un discours moralisateur et homophobe, est en réalité une illustration de l’homophobie ordinaire qui encrasse l’esprit de certaines élites conservatrices et les conduit à faire preuve de ce mépris et de cette consternation si présente dans ce programme. »

Beaucoup reprochent à France Inter de ne pas clairement indiquer qu’il s’agit d’un canular. La station entretient volontairement le doute sur le programme, préférant faire confiance à l’intelligence de ses auditeurs. À notre époque ce pari semble difficile à relever.

One song a day (is over)

Dans la catégorie: Monte le son — kwyxz le 3/01/12 à 12:11

Voici très exactement un an, le 3 janvier 2011, m’est venu l’idée de créer une playlist Spotify mise à jour quotidiennement. Tous les jours, un nouveau morceau, sans relation particulière avec le précédent, sans aucune volonté de créer un enchaînement harmonieux, juste selon l’humeur du moment ou le dernier coup de coeur musical, en essayant de varier les groupes, les genres. Parfois le titre choisi est en relation avec sa date d’ajout. Parfois non. Pour découvrir de nouvelles choses, l’utilisation de la fonction “Related Artists” s’est rapidement faite fréquente, les achats d’albums également. Parfois, lors de la disparition subite d’un groupe ou d’un titre du catalogue, il fallut trouver un morceau au moins aussi bon pour le remplacer. Le résultat ? One song a day makes worry go away, à l’heure où j’écris ces lignes, 365 morceaux, une sorte de sélection de l’année 2011 même si tout n’est pas sorti cette année, loin de là. Enjoy.

Nivellement par le bas

Dans la catégorie: Humeur — kwyxz le 2/01/12 à 1:10

Quoi de mieux pour démarrer 2012 qu’un bon gros coup de gueule ? Ayant déjà fait maintes fois le tour d’une édition “Années 90” du Trivial Pursuit, nous nous sommes mis en chasse d’une recharge afin de faire le plein de nouvelles questions. Tombant sur une boîte à la thématique “Divertissement” nous en faisons l’acquisition et quelques cartes plus tard, la consternation nous étreint. C’est un fait, les questions du Trivial Pursuit sont de plus en plus idiotes d’année en année. Mais on atteint ici de tels degrés de nullité qu’il m’est difficile de ne pas pointer du doigt le mini-scandale que représente cette baisse de qualité dont l’objectif initial est probablement de ne pas frustrer Jean-Patrick Grodébile, lui permettant de briller en société devant bobonne et les enfants. Je vous passe les dizaines de questions sur la télé-réalité, les films Twilight ou les bouquins de Guillaume Musso : poser des questions sur la pop culture, pourquoi pas, mais le minimum serait au moins de le faire correctement ! Ignorance caractérisée des auteurs des questions, formulations incompréhensibles, réponses à côté de la plaque, voici un petit florilège du pire du Trivial Pursuit version années 2010.

Dans quel dernier volet d’une trilogie, Christian Bale joue-t-il John Connors, héros de la résistance futuriste ?
Terminator Renaissance

Quel titre culte a ouvert la voie aux jeux vidéo musicaux ?
Guitar Hero

Quel est le 1er site français d’écoute de musique gratuite, qui a connu 900% de requête sur Google en 2008 ?
Deezer

En 20 ans, combien Nintendo a-t-il développé de consoles portables ?
7

Comment appelle-t-on le service sur internet qui permet de télécharger des fichier audio ou vidéo sur un ordinateur, un mp3 ou un téléphone ?
Le podcasting

Quel jeu a été sacré “jeu vidéo de l’année 2009” en France : Mario Galaxie, Call of Duty : World at War ou Les Sims 3 ?
Call of Duty : World at War

Quelle série d’un manga culte de Naoki Urasawa est sortie à l’écran sous le titre 20th Century Boys ?
Monster

Dans quel jeu évolue-t-on dans la peau de Faith, une messagère qui se déplace comme un félin à condition de bien orienter la caméra ?
Mirror’s Edge

Qui est remonté sur scène avec This is it !, 12 ans après sa dernière tournée mondiale ?
Michael Jackson

De quel célèbre jeu vidéo de “hack and slash”, le barbare, le féticheur et le sorcier sont-ils des personnages de la 3ème version ?
Diablo

À quel film culte sorti en 1999 doit-on l’effet “bullet time” ?
Matrix

Sur la Xbox 360, dans quel jeu Marcus Fenis et l’équipe Delta affrontent-ils les Locustes ?
Gears of War 2

Et pour finir mon petit préféré :

De quelle série de jeux de combat Legends Force Degrees est-il le dernier opus, sorti 10 ans après Third Strike ?
Street Fighter

Quand une véritable institution, considérée depuis des années comme l’un des plus grands jeux de culture générale au Monde, se permet de tomber aussi bas, c’est qu’Huxley avait vraiment vu juste…

Petits conseils à toi le jeune qui te prends pour Ryan Gosling

Dans la catégorie: Misc — kwyxz le 20/12/11 à 9:43

Toi, là, le jeune, tu viens de voir Drive et tu es encore tout émoustillé, ne mens pas, tous les jours je vois des gens partager le morceau de Kavinsky sur Facebook, tu sais ce réseau social peuplé de gens sympathiques qui ont environ 3 mois de retard sur les liens qu’on peut trouver sur Twitter. Tu as bien aimé voir Ryan Gosling conduire dans les rues de Los Angeles ?

J’ai quelque chose pour toi

Oh pas grand chose, juste quelques petites infos et conseils qui te sauveront la vie quand tu achèteras ta première Chevy Malibu et que tu porteras un blouson de cuir blanc.

On tourne à droite aux feux rouges en cédant le passage

Eh oui, pas besoin d’attendre que le feu passe au vert à un carrefour pour pouvoir tourner à droite. À de très rares exceptions près, il suffit de céder le passage gentiment aux gens qui arrivent de la gauche, faire attention à ne pas écrabouiller un piéton, et hop, on peut tourner. C’est pas idiot et ça aide à éviter la formation d’embouteillages aux feux rouges.

On se colle sur la file du milieu quand on veut tourner à gauche

Là encore, c’est pratique, il y a une file centrale qui alternativement sert aux deux sens de circulation. À mi-chemin entre deux feux, la file change de direction, et hop, on se colle là lorsque l’on veut tourner à gauche. Ça permet d’éviter d’encombrer les files principales (y’en a souvent deux, parfois trois, parfois quatre, et parfois ça varie sur le même boulevard)

Les piétons ont tendance à s’engager même s’il y a des voitures

Ici on respecte la règle de base: le piéton est toujours prioritaire, et surtout s’il est sur un passage protégé… Il ne sera donc pas rare, pour ne pas dire quasi systématique, de voir des gens piler pour laisser passer quelqu’un même sur une deux fois trois voies. Un truc absolument inimaginable à Paris où personne ne laissera jamais passer un bipède, faut pas déconner non plus, voiture contre piéton c’est voiture qui gagne donc voiture passe.

Les Californiens sont cools au volant

Évidemment pas tous, mais franchement, c’est p’tet le premier truc qui frappe quand on a connu les cinglés psychopathes de Paris, le genre à klaxonner et à avouer toutes les choses qu’ils auraient envie de faire à ta mère si tu ne démarres pas au quart de seconde quand les feux passent au vert. Non, en Californie, ou tout du moins à Los Angeles, ou L.A. comme disent les jeunes, on n’en a rien à foutre, on sait prendre son temps, de toute façon si on est pas bloqué là on le sera plus tard donc c’est pas bien grave. Ces mecs sont vraiment décontracte, on sent vraiment que conduire c’est pas trop un sujet de stress pour eux vu qu’ils le font tout le temps, mais il y a un contrecoup…

Les Californiens conduisent comme des tanches

Bien sûr pas tous, mais on voit de ces trucs ! Et vas-y que je te grille la priorité en tournant à droite, que je fais des demi-tours n’importe où, que je déboite sur la Freeway pour doubler à droite, à gauche, dans tous les sens, le tout sans jamais mettre de clignotant… le code de la route ici c’est surtout un concept, un truc dont on a vaguement entendu parler avant de passer le permis… Mais s’il conduit comme une tanche, le californien est au courant que ses congénères ne font pas mieux, alors il reste prudent, et de toute façon il reste cool même s’il vient de se prendre une petite queue de poisson des familles… Zen je vous dis.

Les parkings à Valet sont légion

Privilège réservé aux établissement bourgeois à Paris, ici le Valet de parking est très souvent hispanique, sous-payé, mais s’occupera de garer les voitures des clients du moindre petit établissement supérieur au fast food. Quand on voit ce genre de jobs, on comprend mieux comment pendant des années le chômage aux USA n’était pas un vrai problème.

Les feux sont de l’autre côté de la route

Ça n’a l’air de rien comme ça, mais c’est assez perturbant au début. Où doit-on regarder ? C’est lequel le feu qui concerne ma file ? On a vite fait de s’y perdre, et puis finalement on se dit que si ces tanches qui conduisent n’importe comment y arrivent on va bien finir par s’en sortir.

Il y a tout le temps des embouteillages sur les autoroutes

Et ça, Ryan, il est malin, il l’a bien compris : il n’en prend jamais dans Drive, sauf de nuit quand elles sont désertes. Parce que de jour, non, franchement ce serait vraiment trop idiot de prendre une autoroute pour y rouler à trois centimètres de l’heure. En cas de doute, revoir le début du film Chûte Libre (Falling Down) permet de se faire une idée. Aux heures de commuting (les horaires où tout le monde se rend au travail) c’est vraiment comme ça.

Et voilà

Avec ces quelques conseils simples, tu vas pouvoir rouler des mécaniques ! Mais attention, n’oublie pas un détail: la vitesse max autorisée en ville, et sur certains tronçons de “voie rapide” uniquement, c’est 40 Mph (environ 65 km/h). Ça calme, hein ? Sinon ça sera 35 Mph (56 km/h)sur les très grands boulevards, 30 Mph (48 km/h) sur les boulevards un peu plus petits, et 25 Mph (40 km/h) dans les zones peuplées, comme Main Street à Venice par exemple. Ouais, difficile de se prendre pour Fangio dans ces conditions, bah, il suffit d’un toit ouvrant et d’avoir les cheveux aux vent pour avoir des sensations. Allez, salut la jeunesse !

Tout ça pour ça

Dans la catégorie: Écrits — kwyxz le 25/11/11 à 1:20

Les sifflements assourdissants des tirs allemands donnaient le vertige. Autour de nous, un déluge de feu, de sang, de sable, d’eau de mer, un tourbillon de cris, de larmes, de mort. J’aurais préféré découvrir les plages normandes à une autre occasion. Devant nous, le capitaine hurlait à qui pouvait encore l’entendre qu’il nous fallait avancer, que nous n’avions pas fait tout ce trajet pour rien, que nous n’étions qu’une bande de trouillards si nous n’avancions pas, mais avancer où, comment, lorsque les cadavres de nos compagnons s’entassent et semblent former un mur infranchissable ? Lentement, nous parvenions à nous rapprocher des blockhaus d’où émanaient de furieuses salves de métal chauffé à blanc. Arrivés à flanc d’une colline, nous nous allongeâmes immédiatement le long de ce qui allait pour les trente minutes suivantes devenir un abri de fortune. Il fallut une dizaine de grenades, mais finalement l’une d’entre elles parvint à pénétrer la meurtrière derrière laquelle se terraient nos agresseurs. Trop heureux à l’idée de pouvoir observer le résultat de cet exploit, nous nous précipitâmes à l’intérieur et découvrîmes à notre grande surprise que deux des soldats allemands étaient encore vivants. Immédiatement à ma droite, le G.I. Shawn Goggins reçut un coup de couteau rouillé dans le genou. Il s’effondra en hurlant de douleur, non sans avoir le temps d’achever son assaillant d’une balle entre les deux yeux. L’autre soldat fut fait prisonnier. Tandis qu’il se penchait sur Shawn et regardait la vilaine plaie ouverte, le capitaine prit un air contrit et gromella “Better cut the damn leg…” et alors que la stupéfaction se lisait sur nos visages il tenta maladroitement de s’expliquer “…he’s one foot in the grave already !”

Nous sortîmes du blockhaus et je soutenais Shawn. Pendant ce temps sur la plage, nos camarades progressaient eux aussi petit à petit et les dernières lignes de résistance allemandes tombaient les unes après les autres. Deux heures plus tard, leurs troupes étaient en déroute et le débarquement était un succès… malgré son coût atroce en vies humaines. Des dizaines, des centaines de mes copains étaient quelque part, là, dans l’eau, sous le sable, sous les corps, sous le sang. Alors que les larmes perlaient sur mes joues, une explosion me tira de ma torpeur: notre prisonnier allemand venait de marcher sur une mine. Ses deux jambes étaient en charpie, son torse brûlé, son visage se tordait de douleur. Autour de lui, beaucoup venaient d’hériter de shrapnels souvenirs dans leurs bras, leurs jambes, leurs corps, et très vite tous furent persuadés qu’il avait volontairement sauté sur l’explosif afin de blesser le plus possible d’entre nous. Le capitaine trancha rapidement “Let the bastard die… one less poor fuck to feed…” et tout le monde fut d’accord pour l’abandonner sur la plage, même si on jura, une fois ses cris de souffrance réduits à néant, qu’il s’agissait d’un rire vengeur.

Nous voulions gagner au plus vite un village avant la nuit, persuadés qu’il nous allait falloir combattre de nouveau. Le long des routes, des morts, hommes, femmes, animaux, par dizaines. Nous nous demandions à quoi ressemblait Paris, si la capitale était un charnier tel que ce que nous avions vu sur la côte. Si les français étaient vraiment de notre côté, ou s’ils avaient tous pactisé avec l’occupant. Les avions de la Royal Air Force fendirent le ciel orangé, en direction du soleil couchant. D’après le capitaine, ils avaient effectué des bombardements préalables et nous devrions parvenir à gagner le village assez rapidement. En vue du clocher, nous nous séparâmes en trois groupes afin de couvrir chaque axe principal et si quelques tirs se firent entendre vers l’ouest, c’est un village déserté que nous découvrîmes. Les allemands avaient fait le ménage et assassiné les quelques derniers habitants. Le capitaine entr’ouvrit la porte de l’église, s’agenouilla devant le crucifix. Alors qu’il se signait, je l’entendis psalmodier ces mots énigmatiques: “Doctor House is not Mickey Mouse.”

Pochtron, tu f’rais mieux d’m’écrire une chanson

Dans la catégorie: Monte le son — kwyxz le 12/11/11 à 22:59

(Lettre ouverte à Renaud Séchan)

Je ne sais plus quand j’ai commencé à t’écouter, j’étais jeune pour sûr, je devais avoir même pas 7 ou 8 ans, mais elles me faisaient marrer tes chansons. Bien sûr je ne comprenais pas vraiment les paroles, et toutes n’étaient pas marrantes, mais Mon HLM, Marche à l’Ombre, Baby-Sitting Blues ou Le Retour de la Pépette, quelle poilade.
Avec les années, et le recul, j’ai appris à faire plus attention aux textes, à en saisir la tonalité dramatique aussi, et les titres qui me paraissaient moins accessibles prirent toute leur véritable portée. Bouleversants, émouvants, attendrissants, des morceaux comme Baston, Manu, Pierrot, tous plus formidables les uns que les autres, tous porteurs d’un message, souvent positif, vecteurs d’amitié, de compassion, de tendresse.
Lorsque j’ai découvert Le Sirop de la Rue, incroyable pépite d’un album injustement mésestimé, ce fut un immense choc. Je n’avais rien vécu de tout ce qui est raconté, et tout à la fois. Cette chanson est une véritable ôde aux gamins ayant grandi en ville, à ceux qui sont partis au bord de la mer les étés, elle est intemporelle, dansante, joyeuse, entraînante, et pourtant se termine sur une note sombre en contrepoint total du reste du texte. Tu y parles de tes souvenirs, mais tu en profites pour balancer quelques-unes de tes principales inquiétudes, en remettre une couche sur tous ces “connards” que tu adores détester. Et en t’écoutant, je ris, je pleure, je m’identifie. Je vis.
Je t’ai vu en concert une fois, une seule. C’était le 24 novembre 1999, lors de la tournée “Une guitare, un piano, et Renaud”, mes parents avaient entendu que tu allais passer à côté de Poitiers, dans une toute petite salle, et avaient eu la gentillesse de m’offrir une place. Je m’en voulais de n’avoir pas suivi ton actualité, j’ignorais simplement qu’à cette époque il n’y en avait pas. J’ignorais donc tout des motivations derrière cette tournée, de tes problèmes d’alcool, de tes difficultés à écrire. Dans la salle tout le monde t’adorait. Tout le monde connaissait la moindre parole de n’importe laquelle de tes chansons. Tu nous as beaucoup parlé, de toi, de tes copains. De ton futur album, qui arriverait un jour, peut-être. Tu n’étais pas à ton meilleur, et pourtant ce fut l’un des concerts les plus marquants de mon existence, parce que jamais auparavant, et jamais par la suite je n’ai ressenti cette connexion entre un artiste et son public. Tu la ressentais toi-même.
Lorsque Boucan d’Enfer est sorti je ne l’ai pas beaucoup aimé. En particulier Manhattan-Kaboul, un morceau beaucoup trop lisse, trop gentillet, trop mièvre pour toi qui n’hésitais jamais par le passé à dénoncer ces excès vomitifs de bons sentiments. Un morceau beaucoup trop formaté pour la bande FM qui l’a diffusé jusqu’à l’écoeurement. Un morceau que je déteste désormais viscéralement. La tournée qui a suivi, je m’en suis senti curieusement étranger. Tous ces gens qui parlaient de toi avec des mots élogieux, où étaient-ils alors que tu étais au fond du gouffre ? Ils me faisaient penser à ces faux “amis” qui te tournent autour lorsque tu es au top, mais oublient étrangement de te rappeller lorsque les choses tournent mal.
Rouge Sang m’a interloqué, et je me suis surpris à vouloir ne pas l’aimer, un petit peu d’élitisme mal placé peut-être, pourtant j’ai fini par beaucoup l’apprécier même s’il n’a plus le punch de tes anciens albums. Tu n’as pas perdu ton verbe incisif, tu n’as pas perdu ton talent. La voix n’est plus là, et alors ? Ce n’est pas ce que ton public te demande. Ton vrai public. Celui qui t’aime, et qui t’aimera toujours même si tu n’écris plus beaucoup. Même si tu sors une douzaine de mauvais albums.
Ton public comme ce petit garçon qui vit toujours en moi, quelque part (pour vivre heureux, il vit caché), qui est ému aux larmes en lisant que tu sembles baisser les bras.

S’il te plaît mec, te jette pas. Ou jette-toi avec nous.

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