L’incertitude de l’absence de doutes
Alors voilà. On est reparti pour un grand cirque autour du 11 septembre 2001, de l’effondrement des trois tours, des théorie de la conspiration, le tout avec en prime un lynchage médiatique en règle de Matthieu Kassovitz suite à son intervention dans l’émission de Frédéric Taddéï. Le réalisateur se fait en effet taxer de négationnisme durant le débat par Marin Karmitz et se retrouve comparé à Jean-Marie Bigard et même carrément à Robert Faurisson dans un post complètement délirant de Renaud Revel, rédac chef de l’Express, excusez du peu.
Avant de commencer je tiens à préciser que je ne crois pas à un complot orchestré par Bush ou son gouvernement, ni par la CIA, ni par le grand Ordre Judéo-Maçonnique, ni par des cochons d’Inde géants. Je crois aux barbus armés de cutters qui détournent les avions et les crashent dans les tours, et aussi incroyable que celà puisse paraître je crois effectivement qu’un avion a percuté le Pentagone tout comme je crois qu’Al-Qaeda est derrière ces attaques.
Après visionnage des vidéos de l’émission de Taddéï, je suis très loin de comprendre cet acharnement envers Kassovitz: il dit à plusieurs reprises ne pas croire à une théorie de la conspiration. Il se contente d’affirmer qu’il subsiste des zones d’ombre dans la version officielle et que l’on est donc logiquement en droit d’en douter. A aucun moment, je dis bien à aucun moment, Kasso ne parle des théories mises en place par des films comme le célèbre Loose Change, des films qui eux n’hésitent pas à exploiter ces mêmes zones d’ombres laissées inexpliquées par la version officielle afin de propager leur paranoïa. On est à des kilomètres de Bigard pour qui il était sûr et certain que les avions supposés écrasés dans les tours volent toujours, que Ben Laden n’est pas derrière les attentats, qu’un missile à frappé le Pentagone, un Bigard qui, comme une merde, s’est aplati derrière un hypocrite “je m’excuse, je n’émettrai plus jamais de doutes” quelques jours plus tard alors qu’à aucun moment il n’avait émis un “doute”. On est à des années-lumière d’un quelconque négationnisme: Kassovitz reste mesuré et prudent, il dit juste qu’il s’agit de rester vigilant et d’exercer son esprit critique. Ce qui manifestement est quelque chose de tabou, de mal: il est interdit de douter. Dès lors que l’on n’est pas convaincu par les explications fournies par l’administration Bush, qui est historiquement exempte de tout reproche et de tout soupçon (comme l’ont été tous les gouvernements américains respectifs avant elle d’ailleurs), on est un affreux révisionniste.
Quel est le contraire de doute ? Certitude. On peut donc en déduire que les actuels pourfendeurs de Kassovitz ont la complète certitude de l’absolue véracité de la version officielle. Elle est vraie à 100%, ils en sont sûrs. C’est obligatoirement vrai. Tout.
Eh bien moi, même si je crois à la version officielle, je n’en sais rien. Je n’ai aucune certitude. Juste des opinions et des théories par lesquelles j’ai choisi de me laisser convaincre.
La vitesse de chûte des tours ? Jugée surnaturelle par les comploteurs, vaguement expliquée par la théorie officielle, jamais démontrée de façon convaincante. Est-elle normale ? Peut-être, je ne sais pas. Je choisis de croire qu’elle est normale et qu’elle n’est pas provoquée par des explosions. Le type qu’on me montre à la télévision qui a 25 ans d’expérience dans le domaine détient-il la vérité ultime ? Un reportage soutenant la théorie opposée m’en présentera un de 30 ans d’expérience et qui dira le contraire de l’autre. Qui sont ces “experts” ? Je ne les connais pas. Je ne sais pas qui ils sont. Je ne sais pas pourquoi je devrais être persuadé qu’ils disent la vérité. L’avion dans le Pentagone ? Même chose. J’y crois. Je n’ai pas de raison particulière d’y croire. Je trouve ça plus plausible qu’une histoire de missile, j’ai vu des photos officielles qui vont dans ce sens, alors j’y crois.
Je préfère toujours conserver un esprit critique vis-à-vis de l’information, qu’elle vienne de l’Internet ou des médias historiques si prompts à tenter de pourfendre le réseau, cet odieux organe libre et incontrôlable qui fait tellement mal à leur gagne-pain. Parce qu’ils n’hésitent pas à le dire, Internet ce n’est qu’un ramassis de rumeurs et de désinformation, ça n’est pas à eux que ça arriverait de raconter de la merde, ça non.
Alors amis lyncheurs, je vous laisse à vos certitudes. Le Monde doit être un peu plus facile à vivre pour vous. Moi comme diraît l’autre, tout ce que je sais, c’est que je ne sais pas.