Demander plus pour avoir moins
Lorsque la petite Léa, cinq ans, s’approche de son papa pour lui réclamer une poupée Barbie, elle sait très bien ce que celui-ci va lui répondre. Bien sûr, ce ne sera pas nécessairement un “non” ferme et inflexible, il tournera la chose gentiment, comme par exemple en lui disant “tu comprends ma chérie ça coûte cher une Barbie” ou bien “tu en auras une à ton anniversaire”, ou bien “tu en as déjà beaucoup, ce n’est pas suffisant” ? Mais ce n’est pas grave pour Léa parce qu’une Barbie finalement même si elle en voudrait bien une, elle n’en a pas tellement envie, c’est juste qu’elle sait que si après trois tentatives pour charmer son papa et lui soutirer la poupée elle se voit toujours opposer un refus, il lui suffira de lui faire les yeux doux pour pouvoir lui demander ce qu’elle voulait vraiment: un bonbon. Après avoir refusé à sa fille une poupée malgré ses supplications, Papa ne pourra pas lui refuser un bonbon en guise de consolation. Léa aura son bonbon et sera ravie, Papa aura le sentiment d’être un bon papa et se rendra compte, plus tard peut-être, qu’il s’est fait gentiment avoir par sa fillette, future experte en manipulation d’hommes.
Depuis que Jean Sarkozy a annoncé renoncer à la présidence de l’EPAD, certains commentateurs se félicitent de son “retrait”. A l’UMP, on salue son “courage” et sa “maturité”, pour le PS c’est une “victoire” et pour des millions d’électeurs c’est une “satisfaction”. Pourtant notre jeune cancre a maintenu sa candidature au poste d’administrateur, et il y a été très facilement élu. Il va donc pouvoir y pantoufler tranquillement, nouer des liens extrêmement profitables avec les principaux acteurs de l’immobilier du coin et toucher de sympathiques commissions lors des attributions de marchés: l’EPAD ne rémunère pas ses administrateurs ni son président, mais ça ne signifie pas qu’il n’y a rien à y gagner, ho non, Papy Pasqua a montré la voie. Et quand, vers 2011-2012, notre fraîchement élu administrateur en briguera la présidence, il n’hésitera pas à citer ses quelques années d’expérience en poste. Et tous les naïfs qui pensent aujourd’hui avoir remporté une bataille se réveilleront avec la facheuse impression de s’être royalement fait berner. Je ne serais d’ailleurs pas étonné que si des voix avaient le malheur de s’élever, tout l’UMP monterait au créneau sur l’air de “mais où est le problème, il a renoncé à la présidence !”