Every saga has a beginning
Pierre fondatrice de l’univers AB, “Salut les Musclés” est à l’origine d’une l’incroyable mythologie composée de séries comme “Premiers Baisers“, “Le miel et les abeilles” et le forcément culte et déjà évoqué en ces lieux “Hélène et les Garçons“. Toutes ces séries sont, en effet, des spin-off plus ou moins directs de “Salut les Musclés“, oeuvre séminale (je savais bien que je réussirais à placer ce mot un jour, même sans bosser à Chronic’Art) de l’ABverse comme on dit dans le jargon. Et ce jargon est on ne peut plus approprié: loin des comédies sentimentales que sont les autres séries AB, on est ici en présence d’une oeuvre de science-fiction aux personnages complexes: les Musclés sont en effet la première équipe de super-héros française, longtemps avant France Five.
Jean-Luc Azoulay l’a bien vite remarqué: il partage ses initiales avec la Justice League of America. Jaloux du succès des personnages super-héroïques que sont Superman, Batman et Wonder Woman, il décide avec son acolyte Claude Berda de créer sa série d’hommes surpuissants. Afin d’immédiatement situer le contexte, il annonce la couleur en les nommant “Les musclés” ce qui sonne évidemment mieux que “les baltringues” ou “les tocards”. Il va sans dire que nos héros sont dotés de Super-Pouvoirs:
- Framboisier a le super-pouvoir d’être le séducteur de la bande sans être beau
- Minet a le super-pouvoir de supporter les hurlements stridents d’une femme appellée Valériane – si un prénom pareil ne vous convainc pas qu’on est en pleine SF, je ne sais pas ce qu’il vous faut
- Rémi a le super-pouvoir de se faire instantanément oublier de l’inconscient collectif, et pourtant il avait épousé Ariane, et je ne déconne pas: demandez à quelqu’un de vous citer les noms des Musclés il y a 99% de chances qu’il oublie Rémi
- René a le super-pouvoir de ne jamais vieillir: il est en effet en permanence vieux (mais paix à son âme quand même, t’étais le meilleur à l’accordéon René)
- Éric a le super-pouvoir de trouver cool de hurler comme un tyrolien en préparant un cassoulet
Bien évidemment des super-héros ne seraient rien sans un super-vilain, et ce super-vilain est une monstruosité hurlante dont j’ai parlé quelques lignes plus haut: Valériane. Celle-ci poursuit nos amis, pourtant camouflés sous une identité secrète de groupe folklorique de la Plaine Saint-Denis, et particulièrement Minet probablement à cause de sa petite taille puisque comme chacun sait tout ce qui est petit n’est pas grand. Valériane pouvant en l’espace d’un cri percer les tympans de n’importe quel être humain, fût-il un Musclé, une sympathique extraterrestre nommée Hilguegue aide nos héros à affronter cette terrible menace, de même qu’une avenante jeune femme brune connue sous le nom de “Mademoiselle Catherine” qui, cherchant en vain un semblant de virilité chez nos héros, finira désespérée comme actrice de téléfilms érotiques de mauvaise qualité (paix à son âme aussi, comme vous pouvez le voir le body count de cette série est assez élevé, on est pas chez les Teletubbies).
La force de “Salut les Musclés” est, tout au long de la série, de parvenir à conserver cette cohérence et ce talent de narration ce qui permit à l’oeuvre de dépasser les 250 épisodes, ainsi que d’introduire des personnages essentiels comme Justine (la nièce de Framboisier) et son petit ami Jérôme, qui formeront le couple maudit d’un drame psychologique postmoderne intitulé “Premiers Baisers” et que j’aborderai un jour prochain.
Initialement posté sur SensCritique.