Coachella 2015 – Day 0
Raconter mes festivals était une habitude sur ce blog, avant que je ne le laisse lentement mourir. L’occasion étant trop belle, voici donc un update pour revenir en force, même si j’ai déjà abondamment spammé Twitter et Instagram sur le sujet. En ce début d’Avril 2015, donc, je suis allé à Coachella. Pour ceux qui débarquent, Coachella est un festival musical américain se déroulant désormais sur deux week-ends à la programmation identique en raison de sa fréquentation record. À l’heure où j’écris ces lignes, les campeurs doivent d’ailleurs être en train de s’installer sur le site pour le second week-end qui débutera demain à 11h.
Situé dans le désert à Indio, Californie, non loin de Palm Springs, le festival a été créé en 1999 et la pression sur les organisateurs était forte. En effet, trois mois plus tôt avait eu lieu le désastreux Woodstock ’99 dans l’État de New York : températures brûlantes, organisation défaillante, prix démesurés, points d’eau pris d’assaut et files d’attente interminables, les esprits s’échauffèrent rapidement. Incendies, pillages, et plus grave, agressions, viols et un décès accidentel. Coachella se devait d’être irréprochable. Avec à l’affiche des artistes comme Beck, The Chemical Brothers, Tool, Morrissey, Rage Against the Machine, Jurassic 5 ou Underworld, la première édition fut un succès. Bien qu’il n’y eut pas de festival en 2000, sa réputation devint par la suite grandissante, notamment par sa capacité à motiver des groupes anciennement séparés à se reformer pour l’événement comme Rage Against the Machine (2007), Mazzy Star (2012), Death from Above 1979 (2011), Pulp (2012), The Jesus and Mary Chain (2007) et surtout The Pixies (2004). L’ajout d’un camping et d’un second week-end furent les conséquences logiques de cette popularité.
Lorsque la programmation de cette édition 2015 fut annoncée, nombreux furent ceux à proclamer que celle-ci était plutôt faiblarde, et pour être honnête j’en étais. Oui, AC/DC et Interpol c’est chouette, mais difficile de le nier, par rapport aux autres années, cette liste de headliners avait du mal à faire rêver (Axwell ^ Ingrosso ? David Guetta ? Drake ? C’est une blague ?) et la journée du Dimanche s’annonçait particulièrement abominable. Pourtant en fouillant un peu dans les noms écrits plus petit, il était assez facile de trouver une foultitude de groupes parfois relégués sur la quatrième ou cinquième ligne de l’affiche, et qui seraient bien plus mis en avant dans d’autres festivals européens ; voyez par exemple Royal Blood ou Glass Animals, quasi invisibles au milieu de tous ces noms, et je ne parle même pas de Stromae qui y serait un headliner immédiat. Histoire de rigoler, cherchez Kasabian sur l’affiche de Coachella, maintenant dites-vous que c’est le groupe qui cloture le vendredi de Rock En Seine 2015. Ça vous pose un peu le truc. Et puis, après tout l’intérêt d’un festival, c’est aussi d’y découvrir des groupes que l’on ne connaît pas… c’est donc sans trop d’hésitation que nous fîmes l’acquisition en seconde main de passes trois jours camping inclus pour la rondelette somme de $400. Oui, c’est pas donné (le prix officiel est de $375). Mais plus de 150 groupes, vous vous souvenez ?
Jeudi, veille du festival, nous devons partir une heure après un difficile réveil à 3h du mat’ pour retrouver nos futurs camarades de camping sur site vers 7h, ce qui devrait coller pour parcourir les 130 miles séparant Los Angeles de Indio. Sur la route nous commençons déjà à réfléchir à qui nous voulons absolument voir, les problèmes de conflit d’horaire étant légion avec plus de 50 groupes par jour répartis sur cinq scènes et un espace dédié à la musique électronique, sans parler de deux autres (The Do Lab et la Heineken Room eux aussi plus orientés EDM). Je peste un peu plus sur ce dimanche qui me paraît bien vide (en gros, il n’y a que quatre noms à vaguement m’intéresser contre une grosse vingtaine le samedi…) mais la route est rapidement avalée, le trafic étant à cette heure assez limité (dans le sens inverse avec les gens venant bosser depuis Riverside vers LA, c’est une autre histoire) et la route étant simple : c’est de la ligne droite sur l’Interstate 10, laquelle pour l’anecdote est à deux pas de chez moi mais surtout fait 4000 km de long puisqu’elle démarre de Santa Monica et va jusqu’à Jacksonville en Floride, excusez du peu.
Arrivés sur place et après avoir fait connaissance de nos nouveaux camarades, en fait des amis d’ami d’ami, l’attente pour accèder au camping, qui n’ouvrira qu’une heure plus tard, commence.
Les voitures sont de plus en plus nombreuses, alignées sur une immense pelouse. On attend dans la bonne humeur de pouvoir passer à l’inspection des véhicules et de se faire délivrer un sacro-saint accès au site. Tout le monde est heureux d’être là, ici et là des sound systems commencent à se faire entendre, et on se débouche une bouteille de champagne. Il est huit heures du matin, la veille de l’ouverture du festival. Pour l’occasion, chacun décore son véhicule si cela n’a pas encore été fait. Le Dick Butt sur ma VW Beetle sera un franc succès et le sujet de nombreuses photos.
Neuf heures, les portes du camping s’ouvrent. Les voitures sont toutes à l’arrêt et au point mort, pour économiser essence et batterie, on les poussera à la main tranquillou. S’il peut sembler démesuré d’arriver à huit heures du matin la veille de l’ouverture, c’est toutefois pour une raison simple : les meilleures places de camping sont les premières allouées. À moins de vouloir se taper vingt minutes de marche minimum pour arriver à l’entrée ou retourner à sa tente après une journée entière à aller de scène en scène, il faut se préparer tôt. Sur ce point, une fois réunis avec tout notre groupe, nous poussons un cri d’exultation : nous sommes placés idéalement, à cinq minutes à peine de l’entrée. L’espace disponible permet de mettre en place une gigantesque tonnelle qui nous servira de lounge, nos tentes étant disposées tout autour. Une fois tout mis en place, il est temps de visiter les environs…
Quelques restaus sont déjà ouverts, et des activités nocturnes annoncées : un baby-foot géant, un silent disco pour les plus noctambules (tout le monde porte des écouteurs et la musique n’est diffusée que dans ceux-ci, c’est extrêmement perturbant à observer) et une bataille de boules de neige. Vous avez bien lu. Il fait 32 degrés à l’ombre, mais on va faire une bataille de boules de neige. Ici et là des points de recharge de téléphones sont disponibles, soit via des prises de courant classique soit directement via des ports USB. On repère l’emplacement des douches pour le lendemain, on essaie d’élaborer des stratégies pour faire rentrer de la picole en douce sur le site, et puis on va se poser dans un lounge équipé d’une clim histoire de faire une sieste parce qu’on est quand même debout depuis quinze heures après une nuit qui en a duré à peine quatre… à la nuit tombée, on fait le tour des foodtrucks (et on se tape une poutine) et arrive l’heure tant attendue de la baston, surréaliste.
Direction la tente histoire de reprendre quelques forces, parce que demain, il va nous en falloir pour affronter cette première journée.