Hipsterfest 2013
Ce week-end, je n’étais pas à Rock en Seine. Mais comme j’avais pour tradition de faire un compte-rendu annuel (et que ça fait bien plusieurs mois que ce blog est laissé à l’abandon, la faute à Twitter / Facebook / GS198X / rayez la mention inutile) et que ce week-end je me suis quand même fait un festoche, je me dis que faire un compte-rendu d’un festival auquel aucun de mes lecteurs n’était pourrait être rigolo.
Ce week-end donc, j’étais au FYF Fest, ou Fuck Yeah Fest Fest, ce qui est une tautologie assez intéressante. Originellement lancé voici dix ans comme un festival punk organisé avec trois dollars six cents à l’Echo, dans le quartier de Silver Lake, le FYF s’est petit à petit professionnalisé jusqu’à devenir le rendez-vous incontournable de tous les barbus porteurs de chemise à carreaux et jeans trop serrés de la région. Il faut dire que la programmation est passée progressivement d’un punk rock / bières / iroquois / bracelets à clous à un indie rock / électro / moustache improbable / fixie que ne renierait pas la population du Motel et les Hipsters Belin en particulier, big up à tout mon crew, yo.
Le samedi donc, sous un soleil de plomb, nous garons la voiture à Chinatown dans l’un des innombrables parkings improvisés ayant fleuri autour du site du festival, non sans nous faire soutirer $25 au passage. On a beau avoir l’habitude de se faire racketter à chaque sortie / concert ça fait toujours un peu mal : le prix du parking n’est jamais inclus dans celui de la place, ce dernier n’incluant jamais divers frais et autres taxes diverses et se voyant doubler entre le moment où on clique sur “acheter” et celui où on passe à la caisse. Les files d’attente sont bien gérées et le tout avance vite, on entre donc très rapidement sur le site après une fouille succinte. Première étape, la tente ID Check qui nous permettra d’obtenir le graal, à savoir le sacro-saint bracelet “21 or over” nous autorisant à acheter de l’alcool. Oui, on ne déconne toujours pas avec ça aux USA. Pire encore, les bars autorisés à vendre de l’alcool sont parqués derrière des barrières façon Rosa Bonheur, et il faut montrer patte blanche (enfin, le bracelet) à des membres du staff pour pouvoir y accéder, sans ensuite pouvoir trimbaler le verre de bière hors de l’enclos. Impossible de se savourer une mousse devant une scène, il faut le faire à l’emplacement prévu pour, et uniquement là. Ah on a fait du chemin depuis le punk, y’a pas à dire. C’est donc après m’être enfilé deux pintes de Stella Artois que je prends la direction de la grande scène, accompagné de mes deux complices, pour le premier concert de la journée : The Breeders.
Alors que les roadies mettent en place le matos et commenc… OH PUTAIN MAIS C’EST KIM DEAL LÀ SUR SCÈNE HEY COUCOU KIM COUCOU ELLE M’A FAIT COUCOU REGARDEZ donc en fait les Breeders font eux-mêmes leur mise en place et leur soundcheck, parce que fuck yeah that’s why. Le public est assez hétéroclite mais quand même majoritairement composé de trentenaires, on notera d’ailleurs sur toute la durée du festival une proportion impressionnante de très beaux messieurs et de très jolies filles, ami(e) célibataire si tu es de passage sur Los Angeles et que tu ne sais pas où pécho tente les festivals de hipsters la population envoie du lourd. Le concert commence avec un petit morceau introductif puis Kim Deal annonce “on nous a demandé de jouer tout Last Splash, donc c’est parti” et déroule, les morceaux s’enchaînent dans l’ordre donc Cannonball est le deuxième titre joué, la foule se déchaine mais on est loin des pogos furieux observables dans certains autres concerts / festivals, l’ambiance est très bon enfant. Alors que Kim Deal place une vanne “donc là c’était la dernière de la face A” les plus jeunes ont soudain l’air stupéfait et demandent autour d’eux “euh c’est quoi la face A” et nous rions de bon cœur. Le set est carré et agréable, le groupe est visiblement content d’être là, comme nous en fait, les sœurs Deal ont l’air d’avoir vingt piges et de prendre énormément de plaisir. Une chouette entrée en matière donc, je n’en demandais pas tant.
Nous filons voir ce beau gosse de Devendra Banhart qui a déjà commencé son set, et tandis que la nuit tombe la température ambiante ne fait que monter alors que le public danse à n’en plus pouvoir. Nous remarquons qu’à l’horizon les lumières des buildings de Downtown donnent au décor un côté un peu surréaliste, comme si l’on pouvait voir les tours de la Défense illuminées de néons aux couleurs éclatantes depuis le parc de Saint-Cloud. Dommage pour Deerhunter qui jouait exactement en même temps (les aléas des festivals et leurs choix déchirants), mais nous décidons de ne pas trop bouger histoire de garder une bonne place pour le set de Dan Deacon. Celui-ci commencera un peu en retard en raison, apparemment, de problèmes techniques, mais l’ambiance est cool et le DJ joue avec le public, nous demandant de nous accroupir, de mettre la main gauche sur la tête de la personne la plus proche de nous, de nous séparer en deux groupes et de suivre les mouvements de interpretive dance effectués par notre chef d’équipe désigné, et là catastrophe, nouveau problème technique et grosse coupure, puis c’est réglé mais Deacon annonce un brin dépité que le prochain morceau sera le dernier… son set dejà bien court de 45 minutes n’en aura duré qu’environ 25, à mon grand dam.
Direction TV on the Radio le temps d’avaler une pizza dégoulinante de graisse absolument immonde, pour un show carré sans grande surprise, le public répond présent mais la fatigue commence déjà un peu à faire son effet, et puis à ma grande déception pas de “Halfway Home” même si terminer par “Staring at the Sun” c’est toujours l’assurance d’un final réussi. Enfin, le clou final de la journée arrive sur scène, une Karen O blonde platine débarque accompagnée de ses Yeah Yeah Yeahs et électrise la foule, un ballon géant représentant un œil est propulsé dans le public, et c’est entre autres avec l’énorme Maps que la chanteuse dédicacera à tous les groupes présents ainsi qu’au public que ce set survolté s’achève.
Le lendemain, rusés, nous nous garons un peu plus loin gratuitement et franchissons une nouvelle fois assez rapidement les files d’attente de l’entrée. C’est parti pour Poolside, vraiment sympatoche même si malheureusement en raison d’embouteillages sévères lors de l’arrivée Downtown nous en avons loupé la majorité du concert. En attendant Glasser nouveau passage à l’ID Check vu que les bracelets ont changé de couleur, et direction le bar parce qu’il fait encore plus chaud qu’hier, donc encore plus soif. Le set de Glasser est vraiment chouette et situé sous un chapiteau lequel est illuminé par un enchevêtrement de boules à facettes, malheureusement le son sous ce chapiteau est loin, très loin d’être du niveau des autres scènes et c’est fort dommage tant le groupe aurait mérité un meilleur emplacement. Toutefois nous nous laissons entraîner par les compos de Cameron Mesirow avec grand plaisir, avant de filer voir !!!. Ces derniers jouaient deux jours plus tôt à Rock en Seine, je ne m’attendais donc pas à ce qu’ils aient une patate d’enfer, mais Nic Offer se démène comme un beau diable, sautant partout sur scène en calbutte, faisant le show et allant jusqu’à prendre un bain de foule en plein milieu de morceau. Là où le bât blesse, c’est que le sound check potentiellement fait un peu à la va-vite a donné beaucoup, beaucoup trop d’importance aux basses, déjà omniprésentes chez !!!, mais ici au point de totalement étouffer la batterie et de rendre les autres instruments inaudibles. C’est bien simple, lors d’un solo de guitare on n’entendait tout simplement rien d’autre que les graves du synthé et la basse, ce qui donnait au concert une sonorité bien trop plate et ennuyeuse. Bref, c’est ironiquement tout le public qui semblait atteint de jetlag et manquait s’endormir.
Ce qui évidemment n’allait pas s’arranger (ou tout du moins le pensions-nous) puisque nous allions enchaîner Beach House et Washed Out, deux groupes connus pour leurs compos plus proches de l’électro planante que du punk qui tache. Agréable surprise donc, puisque les deux sets fort enjoués avaient suffisamment de patate pour faire danser tout le monde et illuminer la nuit qui commençait doucement à tomber, afin de se mettre en jambes pour ce qui sera pour nous le clou final, MGMT. Là encore, c’est enjoué et surtout bien carré : on sent qu’ils commencent à avoir de la bouteille les braves de Brooklyn, et ils n’ont aucune difficulté à entraîner avec eux un public conquis d’avance. C’est fourbus que nous décidons d’en rester là, même si j’avoue regretter de ne plus tenir suffisamment pour assister au set de My Bloody Valentine, une autre fois peut-être, mais on vieillit et on n’a plus la même endurance que durant nos jeunes années. Quoi qu’il en soit, cette dixième édition de Hipsterfest m’a convaincu, et si nous rigolons en voyant la centaine de Fixies accrochés au grillage en repartant, il est loin d’être exclu que j’y retourne l’an prochain si j’en ai l’occasion.