C’est pas au point, leur truc
C’est devenu une habitude: à peine sorti du métro Porte de Charenton, je consulte le site web de la RATP sur mon téléphone mobile qui m’indique le temps d’attente estimé avant l’arrivée du prochain bus PC2 à destination de porte d’Ivry. Lorsqu’il n’y est que d’une ou deux minutes, je me mets immédiatement à courir et la plupart du temps j’arrive à me jeter à l’intérieur avant la fermeture des portes.
Ce matin, le site indiquant un bus “A l’arrêt” alors que je sortais à peine de mon wagon, je savais qu’il était inutile que je me précipite: jamais, ô grand jamais dans ces conditions ne suis-je parvenu à temps, avant de voir le bus s’éloigner et ma frustration grandir. Et surtout, j’ai décidé en partant de chez moi de vêtir cette chouette paire de chaussures que j’ai ramenée des USA et que je ne porte pas assez souvent parce que, pas encore formées, elles me font un peu mal aux pieds et à fortiori encore plus si je devais courir.
Bien évidemment le bus suivant était annoncé, toujours sur le même site web, pour 21 minutes plus tard. Cocasse, puisque le temps moyen indiqué sur les panneaux entre deux passages est de moins de 10 minutes, mais malheureusement loin d’être inhabituel, surtout depuis le début des travaux d’aménagement en vue de la prolongation de la ligne T3 du tramway.
Il était 9h50, je pris donc mon mal en patience, demeurant debout puisque l’abribus de l’arrêt a été détruit en raison des travaux et que seule une borne provisoire en indique l’emplacement. Fort heureusement, il fait un temps absolument magnifique en cette belle journée d’avril. Les minutes s’écoulèrent et toujours aucun bus à l’horizon: à 10h10 je reconsultai le site web de la RATP qui m’indiqua 16 minutes d’attente. Je me souvins qu’une manifestation bloquait le boulevard périphérique, le bus était probablement en plein milieu d’embouteillages cahotiques. Soudain, l’espoir naquit, une forme blanche apparut à l’horizon et s’approcha de nous, tandis que le site indiquait maintenant 19 minutes d’attente. Peine perdue, ce bus avait pour destination Porte de Charenton et se vida. Nous étions maintenant un petit groupe d’une quarantaine de personnes, attendant impatiemment, tandis que le site web affichait de nouveau 21 minutes d’attente.
À 10h25, je décidai de partir à pied.
En raison des travaux, certains arrêts ont été supprimés: entre mon point de départ et la prochaine borne, j’en avais pour presque quinze minutes de marche. Rien d’insurmontable, même si mes pieds me rappellaient qu’ils étaient encore un peu à l’étroit dans ces pompes. Le site de la RATP annonçait 16 minutes d’attente pour le prochain bus.
Et c’est alors que je fus à mi-chemin, séparé de la route par les grilles du chantier, la prochaine borne toujours hors de vue, que passa à ma hauteur le bus transportant mes quarante compagnons d’infortune. Je compris alors que le site de la RATP racontait n’importe quoi.