Il écrase sa cigarette sur le trottoir et prend une profonde inspiration.
Dans quinze secondes il enfilera sa cagoule et contournera son fourgon Volkswagen garé à quelques mètres de la banque. Dans trente secondes il lancera vers le sas d’entrée une grenade soigneusement attachée à un pain d’explosif par un rouleau de ruban adhésif. La déflagration défoncera les portes et devrait étourdir les clients ainsi que les préposés derrière les guichets. Dans une minute il sera à l’intérieur et si tout se passe comme prévu l’alarme silencieuse aura été déclenchée. Ses trois complices se chargeront de tenir en joue le personnel et de descendre le moindre importun qui tenterait de jouer au héros. Dans sa situation, il ne peut plus se permettre de faire des sentiments, c’est chacun pour sa peau et tant pis pour ceux qui resteront sur le bord de la route. Dans trois minutes il sera en train de descendre jusqu’à la salle des coffres où il aura environ deux autres minutes pour remplir au maximum son sac avec tout ce qu’il pourra trouver. Liquide, bijoux, bons au porteur, tout. Quelques instants après il remontera pour apprendre qu’un des clients a tenté de désarmer son complice le moins costaud mais la ramène beaucoup moins avec l’estomac farci de plomb. Dommage, mec. Alors que le complice en question commencera à sortir de la banque l’arme à la main, il entendra le mégaphone des flics qui seront arrivés beaucoup plus vite que prévu, la faute à pas de chance, le copain supposé provoquer un embouteillage s’étant fait pincer quelques heures plus tôt. Il verra son premier complice répliquer aux injonctions de la police par un échange de coups de feu et tomber, le crâne volant en éclats suite à l’impact d’une balle de 9mm. Il verra son second complice le regarder d’un air interrogateur, façon de lui demander “et maintenant ?”, “et maintenant bin t’en as de bonnes, on se tire, ducon”. Il prendra en otage un des clients de la banque et s’en servira comme bouclier jusqu’à parvenir au volant du fourgon et une fois celui-ci démarré constatera que le complice l’ayant rejoint sur le siège passager a une balle dans le ventre et ne parle déjà plus beaucoup. Il libèrera l’otage quelques mètres plus loin et alors qu’il roulera déjà à vive allure vers un premier barrage de flics, se tirera une balle dans la tête, se disant qu’au moins il aura essayé.
Bon. Maintenant il faut y aller, il commence à baisser la cagoule sur son visage quand une roquette passe à environ trois mètres de lui pour aller défoncer le sas d’entrée de la banque. Quelques secondes plus tard, un gang de quatre types cagoulés pénétre dans l’établissement et ils hurlent tout en tirant en l’air des rafales de leur armes automatiques.
Il regarde ses complices, retire sa cagoule, et se dit que finalement tout ceci peut bien attendre demain.