Ça commence avec Rachida Dati qui irrite passablement les juges: “La justice est indépendante dans son acte de juger (…) mais j’ai une autorité dans l’application de la loi et de la politique pénale. Je suis chef du parquet, ça veut dire quoi ? Je suis chef des procureurs, ils sont là pour appliquer la loi et une politique pénale”, a déclaré le Garde des sceaux lundi sur l’antenne de Canal+. “La légitimité suprême, c’est celle des Français qui ont élu (Nicolas Sarkozy NDLR) pour restaurer l’autorité. Les magistrats rendent la justice au nom de cette légitimité suprême”, a-t-elle ajouté.
Rendre la justice au nom de son Altesse, voilà un concept inédit. En gros, Nicolas Sarkozy a été élu démocratiquement, par le peuple souverain (mais à peine abusé) ! Maintenant Il fait ce qu’Il veut. Comme Il veut. Quand Il le veut. Sa femme ne répond pas à une commission d’enquète parce qu’Il l’a envoyée en tant qu’émissaire personnelle. Et si vous n’êtes pas d’accord vous remettez en cause la légitimité suprème du Roy. Qu’est-ce-qu’il y a ? T’es pas d’accord ? T’as quelque chose à te reprocher ?
Ça ne s’arrète pas là. Un édito irrévérencieux irrite au plus haut point Christine Albanel: un « “théâtre investi d’une mission de service public et financé par l’Etat et les autres collectivités doit à son public le respect des choix et des opinions démocratiquement exprimés”. Et de poursuivre : “Vous foulez au pied cette exigence en attaquant, avec un sectarisme qui est la négation même de son action et de son style, un président de la République élu au terme d’une campagne exemplaire. Cela me choque profondément. Je tenais à vous le dire”. »
Tu critiques ? Tu te moques ? Tu remets en question la démocratie toute puissante ! Félon ! Racaille ! Traître ! Malhonnête ! Hérétique ! Tu vas l’aimer la République Démocratique de France, ou tu la quittes !
Et enfin pour finir, l’un des dauphins semble s’être bien mal comporté: le jeune homme aurait heurté avec son scooter une voiture conduite par M’hamed Bellouti, mais ne se serait pas arrêté. Il aurait même adressé “un geste offensant” au conducteur, selon ce dernier. Dans la dépèche AFP, nulle mention du nom (à consonnance, disons, nord-africaine à tout le moins) du conducteur ni au “geste offensant”. On parie que si le fils de Jean Bonnot avait percuté la voiture de Rachida Dati, le “geste offensant” serait devenu une “insulte à caractère raciste” ?
Mais tout va très bien, fidèles sujets. Le Roy est sur son trône. Fermez vos gueules, sinon vous remettrez en cause les fondements mêmes de la démocratie.