Tu pars du boulot en ayant la ferme intention de faire une connerie mais en même temps de te faire plaisir. Tu as soigneusement préparé ton coup, il ne te reste plus qu’à passer à l’action. Tu prends l’Interstate 10 vers l’est et tu rejoins l’Interstate 405 plein sud, direction Long Beach. Tu te doutais que tu allais avoir droit à des embouteillages, mais certainement pas à ce point. Tu te doutais encore moins que dix mètres devant toi une automobiliste allait renverser une moto en changeant de file, causant la chûte heureusement sans gravité du motard mais également un blocage complet de la circulation sur trois files pendant dix bonnes minutes. Et comme bien entendu, tu es dans la file du milieu, tu prends ton mal en patience en écoutant le nouveau System of a Down à fond de volume sur KROQ. Une fois arrivé au magasin, une heure après avoir décollé du bureau, tu constates avec surprise que les packs “simples” ça n’existe plus, maintenant c’est le “Value Pack” ou la mort. Comme tu t’en branles un peu d’une housse bidon, d’un Memory Stick de 32 MB, d’un casque de merde et d’une télécommande inutile, ça te fait un peu chier de raquer 50 billets plus cher. Surtout quand tu constates qu’en plus, Metal Gear Acid se vend tellement mal qu’on est obligé de le prendre en bundle pour encore 20 dollars de plus. $269 au lieu de $199, merci Sony, je vous adore ! Tu files acheter un vrai Memory Stick pour oublier la plaisanterie fournie avec le Value Pack, tu prends un cable USB au passage, et voilà, tu l’as faite la connerie, t’es fier de toi, tu t’es acheté une PSP. Tu remontes dans la voiture et ce coup-ci, il n’y a plus d’embouteillages, pour la première fois depuis que tu conduis ici tu montes à 70 mph, wahou, la vitesse ça grise un peu quand même surtout avec la radio à fond. En fait, tu prends un pied d’enfer rien qu’en conduisant, tu slalommes entre les autres voitures, tu regrettes presque que le chemin vers Venice dure pas plus longtemps. Tu gares la caisse au parking et tu marches 10 minutes pour rejoindre ton appartement et au moment où tu franchis la porte, même si tu t’es quand même un peu fait enfler ce soir, t’es tellement content d’entendre No one knows des Queen of the Stone Age sur ton baladeur que tu improvises un pas de danse. T’as peut-être l’air con, mais putain, qu’est-ce-que c’est bon, et qu’est-ce-que t’aimes ça.

Dimanche, 14 heures. Je n’ai pas dormi plus de 8 heures au total durant ces 3 derniers jours mais j’ai encore assez d’énergie pour me faire un petit bout de route à pied. Samedi en arrivant, j’avais eu cette impression étrange, ce sentiment de n’être jamais complètement parti, et d’être plus profondément attaché à cet endroit que je ne l’aurais cru. Il fait un temps réellement magnifique et le trajet jusqu’à la jetée ne devrait pas prendre plus d’une heure aller-retour. Des touristes continuent de se promener parmi les diverses boutiques. Certains profitent du soleil sur la plage. D’autres se baignent, ou jouent au ballon au milieu des flots.
Le chanteur de Green Day demande dans mes oreilles de le réveiller lorsque Septembre se terminera. Je crois que c’est fait, même si tout autour de moi semble assurer le contraire.
Je marche tranquillement au milieu de la foule, des cyclistes ou des rollers. Pour la première fois depuis des semaines je parviens enfin à faire abstraction de tout ce qui a pu chambouler mon esprit. Je laisse mes pensées s’évader. Je suis bien. Je me sens vivre.

Here comes the rain again falling from the stars
Drenched in my pain again becoming who we are
As my memory rests but never forgets what I lost
Wake me up when September ends.

Green Day – Wake me up when September ends