On nous cache tout, on nous dit rien
Vous avez déjà entendu parler du projet de loi DADVSI ? Non ? C’est normal, apparemment certains de nos chers gouvernants auraient tout intérêt à en parler le moins possible avant de l’avoir fait passer en force. Pour quelle raison ? Probablement éviter que trop de monde se souvienne de qui a laissé ça se mettre en place avant 2007.
En plus de mettre à mort la copie privée tout en conservant la redevance, il prévoit jusqu’à trois ans de prison et 300 000 euros d’amende pour le simple fait de lire un DVD avec un logiciel non autorisé par l’éditeur du DVD. Un tel acte est assimilé dans le projet de loi à un délit de contrefaçon. Cela revient à dire qu’un éditeur de livres peut imposer une marque de lunettes pour lire les livres qu’il fait imprimer, et que tout lecteur qui se permet de lire ces livres avec des lunettes d’une autre marque est un « pirate ».
Autrement dit: adieu VideoLan, Xine, Mplayer, et autres logiciels libres ayant permis aux utilisateurs de systèmes « alternatifs » de lire des DVD légalement acquis.
Le fait de convertir au format MP3 un fichier « protégé » téléchargé sur le site de la F.N.A.C. est également assimilé à un délit de contrefaçon, tout comme la publication d’informations techniques (par exemple un code source) permettant une telle conversion.
Autrement dit: impossible de lire sur un autre support que celui imposé par l’éditeur un morceau de musique légalement acquis. Il va sans dire que le projet de loi légitime les merdes « Copy Control » qui vous empêchent carrément d’écouter un disque que vous avez légalement acheté. Toi aussi, paye deux fois (voire plus…) pour le même morceau de musique !
« Le fait, en connaissance de cause, de faire connaître, directement ou indirectement », un outil de contournement est aussi sanctionné pénalement, indépendamment du fait que l’outil en question puisse avoir une utilisation principale autre que le contournement.
Autrement dit: adieu les cours de sécurité informatique ou de cryptographie. Vive l’obscurantisme ! La recherche française va se porter de mieux en mieux, c’est évident.
Le passage en urgence n’a dès lors qu’une seule justification possible : à l’approche des élections et au milieu du tumulte social annoncé, faire passer un texte inacceptable le plus vite possible en espérant que les électeurs auront la mémoire courte. Inutile de dire que les membres d’EUCD.INFO sauront eux rappeller le moment venu les faits et gestes de chacun, et notamment des élus de la majorité qui resteraient silencieux.
Ce qui me pose un léger problème à moi, c’est que le consommateur n’est pas le seul à se faire enfler dans cette affaire. Les constructeurs de baladeur mp3 auraient tout lieu de se plaindre également, puisque non seulement leurs produits sont scandaleusement taxés mais leur usage va devenir périlleux pour qui désire rester dans la légalité… De même, certaines sociétés utilisant des logiciels libres pourraient se retrouver inquiétées. Alors, pourquoi n’en entend-on pas plus parler ? Je m’étonne du silence de ces professionnels qui risquent, à terme, de se retrouver perdants face à nos amis les majors, uniques bénéficiaires de lois aussi liberticides. Les bénévoles du site EUCD.info sont-ils de simples paranos ? Cette impression d’être manipulé, d’un côté comme de l’autre, ne me réjouit guère…