Ça y est, les deux consoles portables Next-Gen sont sur le marché. D’un côté, la Nintendo DS, deux écrans, un écran tactile, du Wi-Fi en 802.11g et avec un protocole proprio Nintendo. De l’autre, la Sony PSP, un écran large, du Wi-Fi, et la possibilité d’écouter de la musique (à faire tenir sur des Memory sticks) et de visionner des films (au format UMD).
D’un point de vue technique, chaque machine a ses avantages et inconvénients. Pour le design, rien à dire, la PSP est superbe. D’un point de vue puissance brute, avantage une fois de plus à la PSP qui dispose d’un rendu proche de la PlayStation2.
Alors, Nintendo perdant par KO ? Eh bien, ce n’est pas si sûr.
Sony a, comme à son habitude, joué à fond la carte de la hype. La machine est belle, la technique est impressionnante, le lancement est un succès médiatique: un article dans Le Monde vaut bien n’importe quelle pub. Mettre seulement 200,000 unités en rayon, soit une offre dix fois inférieure à la demande quand on s’appelle Sony et qu’on lance une nouvelle PlayStation, ça n’est pas de la connerie, non, ça s’appelle un artifice marketing. Le résultat ? Des titres de journaux tapageurs, “Rupture de stock pour la nouvelle console Sony”, ruptures complètement prévisibles puisque voulues par Sony. Quand la Nintendo DS est sortie, la rupture de stock n’a eu lieu qu’une semaine plus tard, puisque Nintendo avait au lancement cinq fois plus de consoles à disposition que Sony. A part la presse spécialisée et quelques articles économiques, aucun journal généraliste n’en a parlé. Bref, pour le marketing c’est un succès complet.
Seulement, passé cette hype, ce coup d’éclat auquel Sony nous a déjà habitués (tout le monde se souvient des images de baston générale à Virgin pour le lancement de la PS2 ?) cache de grosses lacunes.
Le line-up, notamment, est pour l’instant d’un inintérêt assez confondant. On me rétorquera que chez Nintendo ça n’est guère mieux et je ne le nierai pas. Mais dans la liste des jeux prévus et à venir, c’est un petit peu le néant chez Sony alors que ça semble un peu plus étoffé à côté. Enfin, ça dépend si vous aimez les jeux de cartes (Metal Gear Acid, ha ha ha mais quelle blague ce truc). Tout celà reste subjectif, néammoins.
L’autonomie de la machine est misérable. Comme on peut le lire chez IGN, la machine a tenu, après recharge complète, durant quatre heures quarante-cinq minutes de jeu auxquelles s’ajoute une heure de lecture de mp3. Le tout sans utilisation des fonctions Wi-Fi, tellement consommatrices de batterie que Nintendo a, lui, décidé d’ajouter au Wi-Fi de sa DS un protocole proprio plus économe. Un peu plus de cinq heures d’autonomie, donc. C’est peu, très peu. Et on peut difficilement qualifier IGN de site de fanatiques anti-Sony…
Le support choisi, l’UMD, s’il a l’avantage de permettre de stocker plus de données, souffre d’un impondérable non négligeable: les temps de chargement. Si c’est déjà difficile à supporter sur une console de salon, c’est tout simplement abominable sur une portable. L’argument de la lecture de films, s’il était déjà super limite sur PS2, est ici complètement caduc. Il faut donc racheter la totalité de sa DVDthèque au format UMD pour pouvoir la regarder ? Il va déjà falloir que des films sortent dans ce format. Quand on voit le succès qu’a eu le MiniDisc, on est en droit de douter.
La PSP n’est certainement pas une mauvaise console. Au contraire, elle a tout pour devenir une portable très intéressante, lorsque les problèmes d’autonomie auront été résolus. Seulement, la hype, ça marche jusqu’à un certain point. Le marketing poussé à outrance, ça commence à ressembler méchamment à du foutage de gueule. Messieurs de Sony, ne répètez pas avec cette machine les mêmes erreurs qu’aux débuts de la PS2. Innovez, soyez inventifs, créatifs, sortez de bons jeux, c’est tout ce qui vous est demandé.