So long Florence
La lumière du jour décline alors que je monte dans le Black Cab. Devant Trafalgar Square, musique et spots lumineux troublent les habituels bruits de moteurs et de piétons pressés. Je regarde défiler les enseignes et rêve distraitement de vivre ici, à Londres. Mes voyages sont à chaque fois trop brefs. Je monte dans l’Eurostar après un dernier au revoir à Florence Nightingale¹, toujours là pour m’accueillir à chacune de mes visites. Le trajet du retour semble toujours infiniment plus long que l’aller. Arrivé à Paris, le métro semble triste, sale, aggressif, pénible. Le trajet ne dure pourtant qu’une vingtaine de minutes. Je m’emmitoufle dans mon manteau et monte le volume du baladeur. A Charonne, le souffle du vent s’engouffre dans la bouche du métro et me glace le visage. Je pousse difficilement la porte et ouvre grand les yeux d’émerveillement.
Il neige. Il neige et cette neige me fait instantanément oublier la fatigue, la saleté du métro, le blues du voyage retour. Massive Attack sur les oreilles, je prends tranquillement le chemin du foyer, savourant chaque flocon qui caresse mes cheveux. Et là, dans le froid, à minuit, au milieu de la rue de Charonne déserte, je me sens étonnamment bien.
(1) quand vous descendez de l’EuroStar à Waterloo Station, jetez un oeil sur votre droite à travers la verrière, et vous aussi, dîtes bonjour à Florence.