[2nde rédaction, la 1ère ayant disparu dans les limbes]
Je joue à des jeux vidéo depuis si longtemps que j’aurais du mal à donner une date. Tous les systêmes, tous les ordinateurs, toutes les consoles susceptibles de faire tourner un jeu m’intéressent. Si à ce jour, je n’ai jamais acheté que des consoles Nintendo, c’est pour la pure et simple raison que leurs jeux sont parmi ce que je considère être la crème de la crème. L’excellence. Et que trop peu de jeux sont exclusifs aux autres machines pour justifier leur achat. Bien sûr, il y en a, comme DDR, ou ICO, qui me font regretter de ne pas avoir de PS2.
Alors les guerres de religion inter-consoles, très peu pour moi. Ce qui m’importe, c’est le catalogue de jeux d’une machine, et son prix de vente.
Cette longue introduction vise avant tout à préciser un point : je pense être un “hardcore gamer”. Les diverses évolutions du marché vidéo-ludique (ainsi que les divers avis que j’ai pu entendre ou lire à droite à gauche) m’ont amené à cette réflexion.
Depuis plusieurs années maintenant, je fréquente le groupe de discussions fr.comp.emulateurs. Sur ce groupe, fréquentes sont les discussions interminables parlant de tel ou tel jeu ancien, mais tellement bon, sur lequel tout un chacun a passé des heures, des jours, des semaines, parfois des mois, et en parle avec bonheur. Certains vont peut-être faire des yeux ronds. Des mois ? Eh oui, même si j’avais 10 ans à l’époque et que je ne devais jouer au grand maximum que 3h par semaine, j’avais mis près de 6 mois à intégralement terminer The Legend Of Zelda sur NES, sans soluce bien entendu. Ce genre de choses, à l’époque, était considèré comme tout à fait normal pour un jeu d’aventures. Il sortait même régulièrement des jeux d’action que près de la moitié des joueurs n’arrivaient pas à terminer sans cheat code tellement ils étaient difficiles (je ne parle bien évidemment pas de jeux comme Rygar qui, malgré toutes ses qualités, était absolument impossible à terminer en version Européenne ou d’autres tellement injouables qu’on avait plus vite envoyé le pad se crasher dans le mur). Je pense par exemple à Contra, appellé Probotector par chez nous, sur lequel j’ai passé de nombreuses heures étant enfant à parfaire mes réflexes.
On pourrait bien entendu penser que si je trouve les jeux actuels plus courts et plus faciles, c’est tout simplement parce que j’ai vieilli. Eh bien c’est loin d’être le cas. Quand je rejoue à certains anciens jeux sur lesquels j’ai passé de nombreuses heures, je peine comme un forcené et il me faut à nouveau un long entraînement avant d’espèrer retrouver mon niveau. Entre mon collège et chez moi, il y avait une salle de jeux dans laquelle j’allais régulièrement dépenser mon précieux argent de poche sur les dernières productions d’arcade. J’ai claqué des sommes folles dans Snow Bros, Final Fight, Shadow Dancer, et plus tard Street Fighter II. Ces jeux nous fascinaient, nous faisaient rêver, ils paraissaient inaccessibles (autant que pouvait l’être une Neo Geo pour le petit collègien que j’étais) tellement ils étaient beaux et colorés (à ce sujet, il y a un très bon article là-dessus dans Gaming n°2 de décembre 2003). J’arrivais au bout du stage 3 de Final Fight sans perdre une vie, à 11 ans, sur la borne. Eh bien après avoir essayé à de nombreuses reprises depuis que j’y joue avec xMame, je n’ai jamais été capable de dépasser le stage 2 sans perdre de vie. Je pense donc que l’âge n’est pas la principale raison.
Satoru Iwata, l’actuel boss de Nintendo l’a dit: les joueurs actuels ne veulent plus se lancer dans des aventures qui leur demanderont 6 mois d’efforts. Le grand public n’aime pas passer plusieurs heures à affiner sa technique ni à perfectionner ses réflexes. Il lui faut un jeu vite appréhendé, vite torché, vite jeté. Mis à part les RPG, très peu de jeux se permettent de jouer la carte de la longueur ou de la difficulté. Et encore : j’ai terminé Golden Sun 2 en 40 heures, ce qui pour un jeu actuel est considèré comme long. Les réflexions suivantes m’ont été inspirées par quelques commentaires trouvés à propos du jeu F-Zero GX sur le site de GameKult.
Au milieu d’un nombre assez impressionnant de notes excellentes, on repère quelques égarés qui descendent le jeu et qui mettent en cause sa prétendue “difficulté”. Là est à mon avis le coeur du problème. F-Zero n’est pas un jeu insurmontable, mais un jeu extrêmement technique. De nombreuses heures de pratique sont nécessaires pour en extraire la substantifique moëlle, et malgré ses aspects de jeu d’arcade F-Zero se révèle bien plus complexe à appréhender, au hasard, qu’un Mario Kart. Lorsque les éditeurs cèdent aux exigences du public et facilitent un jeu, le joueur a tout à y perdre. Quel intérêt de dépenser 60 euros dans un jeu que l’on aura terminé en une dizaine d’heures ? Manifestement, la nouvelle génération de joueurs n’a pas l’air dérangée par cet état de fait, au contraire, et c’est à mon avis fort regrettable.
Mon but n’est pas de dire “les jeux d’avant étaient mieux” (même si j’ai coutume de le penser). Je continue de m’extasier devant des perles comme F-Zero GX, justement. Ou The Legend Of Zelda : Wind Waker, même si j’ai été déçu qu’il soit si court. Ou ICO (terriblement court lui aussi). Ou même de m’amuser comme un fou à DDR (celui-ci a une durée de vie proche du siècle, au bas mot). Mon but est d’inviter les nouveaux joueurs à prendre conscience qu’un jeu vidéo peut s’apprendre, comme un sport, ou un art. Qu’il ne faut pas baisser les bras dès la première difficulté (c’était d’ailleurs une des qualités reconnues au jeu vidéo, inculquer la persévérance). C’est un apprentissage comme un autre.